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Thomas Bonnecarrere

Intelligence stratégique (économique, territoriale, inventive) et design régénératif

36 ans
Permis de conduire
Gerde (65200) France
En poste Ouvert aux opportunités
Je suis un spécialiste en intelligence Economique, intelligence collective et communication stratégique, engagé en tant que chercheur dans l'appréhension de l'effondrement écologique par le prisme de l'intelligence stratégique territoriale. Mon travail vise à faciliter le développement de communautés locales œuvrant en synergie pour inventer des manières d'évoluer durablement dans un monde de plus en plus complexe et énergétiquement limité.

DISTINCTIONS

> A l'origine de l'attraction La machine à voyager dans le temps du Futuroscope (proposition du design, de la thématique, de la technique à utiliser et du partenariat avec Ubisoft pour la licence d'exploitation) ayant remporté un European Star Award 2014 (récompensant les meilleures innovations et projets des parcs de loisirs en Europe) et a été élue meilleure attraction du monde 2014.
CV réalisé sur DoYouBuzz
Moving to Crehacktivity!
14 oct. 2015
Bonjour à tous et à toutes!

Ce post pour vous signaler que ce blog déménage à une autre adresse : http://crehacktivity.blogspot.fr/

Vous y trouverez donc toutes mes futures productions qui seront liées à l'intelligence territoriale, l'intelligence imaginieriale et, par extension, la créativité et l'innovation. Les contenus seront à la fois d'ordre scientifique (productions liées à mes activitées de recherche) et artistique (créations produites dans le cadre de mon projet expérimental sur le terrain dont je vous parlerai très bientôt).

En vous souhaitant la bienvenue dans cette nouvelle demeure!

Thomas

PS : Ce blog restera en ligne afin que vous puissiez consulter ses archives. Il ne sera en revanche plus mis-à-jour.
Intelligence imaginieriale
02 sept. 2015
Bonjour à tous!

J'ai l'immense plaisir de vous présenter mon très gros travail : l'intelligence imaginieriale, un nouveau modèle d'intelligence territoriale que je développe dans le cadre de ma thèse. Celle-ci est intitulée "L'intelligence imaginieriale comme nouveau modèle d'intelligence territoriale pour favoriser l'expression de la créativité et de l'innovation au sein de territoires". Je vais expérimenter ce modèle dès le 15 octobre prochain, sur le territoire de la Bigorre (Hautes-Pyrénées). Vous pouvez accéder au document à cette adresse : https://fr.scribd.com/doc/277792463/Intelligence-Imaginieriale-Thomas-Bonnecarrere


N'hésitez pas à me tenir informé si vous souhaitez contribuer à mon projet expérimental!

En vous souhaitant une très bonne lecture!

Thomas

PS : Si vous souhaitez soutenir la recherche, n'hésitez pas à me soutenir sur ma page Tipeee!

PS 2 : Je profite de ce travail pour renommer mon blog et, par extension, son URL. Veuillez donc noter l'adresse suivante que j'utiliserai dans une semaine : crehacktivity.blogspot.com


The Semiotic Hacking
04 août 2014
Bonjour à tous et à toutes!

Et voilà mon nouveau travail!

Mon objectif est de poser les bases théoriques d'un nouveau paradigme inspiré par la philosophie du hacking telle que définie par Richard Stallman, ayant pour but d'analyser comment débrider les processus d'intelligence créative et inventive afin de favoriser l'innovation. J'y introduis pas mal de nouveaux concepts comme les "silos cognitifs" ou bien encore la synectiction. Je me suis également inspiré de mes travaux précédents pour développer un nouveau "design" de système social nommé "esprit collectif évolué global". Ce document constitue la version 1.0, car il a pour vocation à être amélioré et enrichi à l'avenir. Il constituera d'ailleurs la base de mes futurs travaux. La version 2.0 constituera un approfondissement de certaines thématiques abordées dans cette version : je vous tiendrai bien entendu au courant de ça! ;)

Je vous invite donc à le télécharger et à m'informer des possibles coquilles et autres "bugs", ou bien encore à me soumettre vos remarques et idées constructives (intelligence collective power!).

N'hésitez également pas à me contacter si vous êtes intéressés pour des cours ou des conférences, ou bien des travaux de recherche en commun, à cette adresse.

En vous remerciant infiniment pour votre soutien et m'avoir accordé votre (grande) patience, je vous dis à bientôt!

Thomas Bonnecarrere

#Update : Une petite coquille s'était glissée dans les dates au début du document. Bug corrigé! :)


Publication de mes livres
18 juin 2013
Mes ouvrages L'art de la déstabilisation psycho cognitive et Comment créer un contexte social favorable à l'intelligence collective et l'innovation? sont enfin publiés! Vous pouvez consulter leurs fiches à cette adresse : http://www.atramenta.net/authors/thomas-bonnecarrere/30631

Vous pouvez donc maintenant me soutenir en commandant des exemplaires physiques! Mais ne vous en faites pas, vous avez également toujours la possibilité de les télécharger gratuitement en version digitale à ces adresses : 



D'ailleurs, ayant enfin pris le temps de corriger les quelques coquilles récalcitrantes, je vous conseille de les re-télécharger afin de disposer de versions propres et bien mises en page.

A propos de ma prochaine production, sachez que celle-ci sera VRAIMENT très longue (environ 450 pages pour le moment) et que mon objectif est de créer une base théorique et réflexive solide concernant de nombreux nouveaux paradigmes psychosociologiques appliqués à Internet que je mets actuellement en évidence et tente d'analyser en profondeur. Je passe actuellement énormément de temps dessus, et vous demanderai donc de patienter encore quelques mois afin que je puisse produire un résultat qui soit le meilleur possible et qui me satisfasse pleinement.

En vous remerciant encore pour votre soutien et votre patience, je vous dis donc à bientôt!

Thomas Bonnecarrere



Comment créer un contexte social favorable à l'intelligence collective et l'innovation?
01 mai 2012
Voici mon deuxième livre numérique. J'ai tenté ici d'analyser en profondeur les différents mécanismes psychologiques, cognitifs et sociologiques qui rentrent en jeu dans les processus d'intelligence collective et d'innovation au sein d'un groupe social. Ce travail et la longue réflexion que j'ai mené sur le sujet m'ont permis de construire mon propre paradigme sur ces deux concepts.


Vous pouvez télécharger le document gratuitement en version pdf ou si vous souhaitez me soutenir, commander un exemplaire physique à cette adresse : http://www.atramenta.net/books/comment-creer-un-contexte-social/170


Bonne lecture! :)

Comment créer un contexte social favorable à l'intelligence collective et l'innovation_Thomas Bonnecarrere
Saint Germain ou la négociation
22 avr. 2011
Voici une fiche de lecture du livre Saint Germain ou la négociation de Francis Walder que j'ai rédigé dans le cadre d'un cours à propos de cette discipline. Ce livre qui est un véritable plaisir à lire nous apprend les différents mécanismes, techniques et stratégies utilisées dans le milieu de la négociation et de la diplomatie. Il nous dresse également un portrait du négociateur, avec les qualités dont il doit faire preuve pour exercer son travail. Le document est librement téléchargeable (comme d'habitude :). Bonne lecture et si vous voulez un conseil : lisez le, il vaut vraiment le coup et se lit très rapidement. Un vrai régal.

Remarque : Cette fiche de lecture a été validée par un expert en stratégie de négociation.

FIche de lecture Saint Germain ou la négociation-Thomas Bonnecarrere
L'Intelligence Economique aux Etats-Unis
03 avr. 2011
Voici un dossier réalisé dans le cadre d'un partenariat avec le Portail de l'IE et le Master IECS de l'ICOMTEC. Il offre une étude et analyse détaillée de la stratégie d'Intelligence Economique aux Etats-Unis (formation et recherche en IE, stratégie gouvernementale/privée, politique nationale et internationale). Bonne lecture! :)

On en parle :

Dossier aux USA
L'art de la déstabilisation psycho cognitive
30 sept. 2010
Voici mon premier livre numérique. C'est un livre de défense et de sensibilisation concernant des offensives informationnelles et communicationnelles ayant pour objectif de sensibiliser le lecteur à ces problématiques, en lui faisant découvrir ses nombreuses failles psychologiques et cognitives potentiellement exploitables dans le cadre d'une stratégie de déstabilisation.

J'ai décidé d'adopter une démarche de "profiling" en me mettant à la place d'un attaquant afin d'étudier comment il est possible d'élaborer une stratégie offensive qui soit la plus efficace possible et qui génère des effets durables sur une organisation ou un individu. Il est bien évident que la visée de cet ouvrage est purement pédagogique et que je ne  ne cautionne en aucun cas l'utilisation des techniques décrites, purement condamnables d'un point de vue éthique et moral. Je pars du principe que connaître l'ensemble des techniques et méthodes utilisées par une personne mal intentionnée est le meilleur moyen pour se défendre contre cet individu.

Le document est en téléchargement libre, pour votre plus grand plaisir! :) Et si vous souhaitez me soutenir, vous pouvez commander un exemplaire physique à cette adresse : http://www.atramenta.net/books/lart-de-la-destabilisation-psycho-cognitive/166



On en parle : 

  • Assemblée des Chambres Françaises de Commerce et d'Industrie (ACFCI) Direction de l'Innovation, de l'Intelligence Economique et des Technologies de l'Information et de la Communication : http://tinyurl.com/657bmq5
L'art de la déstabilisation psycho-cognitive-Thomas BONNECARRERE
Etude d'un modèle optimal de manipulation de l'individu adapté au milieu de l'entreprise
22 avr. 2010

Voici un article de recherche scientifique que j'ai réalisé dans le cadre d'un de mes enseignements à l'ICOMTEC. J'ai essayé d'élaborer un modèle de manipulation dont l'efficacité est multipliée par la combinaison de nombreuses techniques validées de psychologie sociale. Le résultat est donc la création d'une technique complexe de manipulation, nommée "Pied-dans-l'esprit" qui est spécialement adaptée au monde de l'entreprise (elle nécessite pour être véritablement efficace une pression économique et concurrentielle exercée sur les individus). Selon moi, connaître les différentes techniques de manipulation est le moyen le plus efficace pour prendre conscience de nos failles psychologiques et donc de s'en prémunir. Vous pouvez librement lire et télécharger le document en cliquant sur les différents liens ci-dessous.
Article de recherche scientifique sur la manipulation-Thomas BONNECARRERE-Aurore MARRONNEAU
L'importance de la psychologie dans un processus de veille et d'influence
20 mars 2010

Les techniques d'influence basées sur des méthodes de psychologie sociale ont toutes quelque chose en commun : elles n'emploient aucune pression physique, morale ou économique pour induire le comportement attendu de la part de celui qui les utilise
Nicolas Guéguen

Effectuer une veille de son environnement proche et lointain constitue la base de tout travail d'Intelligence Economique, travail qui intègre le fait de guetter les signaux faibles pour établir des corrélations avec des signaux dits "lourds" pour élaborer une réflexion et une stratégie d'influence. Nous effectuons la plupart du temps un travail centré sur l'observation et l'étude de ces signaux, en oubliant souvent de prendre en compte des facteurs complémentaires qui pourtant sont absolument primordiaux : les facteurs psychologiques et humains. En effet, beaucoup d'entreprises négligent souvent la dimension humaine dans leur politique stratégique et se contentent seulement de rechercher l'information de manière automatisée, sans prendre le temps de s'intéresser à l'ensemble des employés qui pourtant sont souvent détenteurs d'information pertinente et à forte valeur ajoutée.

Ainsi, réduire le processus complexe de veille (recherche, collecte, analyse, traitement et diffusion de l'information) à ce simple travail mécanique revient à mettre de côté une partie fondamentale de cette pratique. A n'utiliser que des outils et méthodes purement techniques pour capter notre information, nous finissons par nous aveugler et nous passons à coté d'éléments fondamentaux qui peuvent pourtant être indispensables voire décisifs dans notre processus stratégique. La veille ne se limite pas qu'à la seule recherche d'information dite "formelle" c'est-à-dire formalisée sur un support, qu'il soit numérique ou bien physique. Elle doit aussi pour être complète intégrer pleinement la recherche et l'exploitation de sources "informelles" (immatérielles). Une bonne recherche d'information passe par la prise en compte et la considération de l'autre en tant que source et membre d'un réseau d'importance capitale pour l'entreprise. En effet, 70 % de l'information dite "fermée" (c'est-à-dire non accessible à tous) passant par le réseau et la voie orale, il faut toujours prendre sérieusement en compte le facteur humain et ne jamais négliger les relations inter-individuelles.

La meilleure façon d'améliorer ce travail est de convaincre les individus de devenir eux-même des relais d'information, et ainsi participer au travail d'Intelligence collective de l'entreprise. La plupart des employés d'une entreprise ne perçoivent pas naturellement la nécessité d'un plan d'Intelligence Economique, ce concept étant très flou dans l'esprit des individus. Les responsables IE auront donc la lourde tâche de sensibiliser et former l'ensemble des employés, quelque que soit leur statut, à l'importance du renseignement dans l'entreprise et à naturellement diffuser toute information pouvant alimenter la mémoire, sans crainte de divulguer une information jugée beaucoup trop souvent inutile. Toute information étant potentiellement stratégique à partir du moment ou elle est bien exploitée, les employés pourront alors se transformer en acteurs naturels au sein de l'entreprise devenue alors un grand centre d'analyse et d'exploitation de l'information ouverte et fermée.

La psychologie peut réellement améliorer ce travail de sensibilisation et de préparation aux employés de l'entreprise. Ainsi, cette discipline regorge de techniques et de notions pouvant être utilisées à des fins communicationnelles que ce soit pour convaincre, persuader ou encore manipuler au sens positif du terme. Par exemple, un professionnel de l'Intelligence Economique pourra sensibiliser des employés en utilisant ce que l'on appelle en psychologie sociale la technique de la « crainte puis soulagement ». Ainsi, il pourra lui faire visionner une vidéo (les travaux de Barthes ou Debray notamment ont permis de démontrer que les images étaient beaucoup plus influentes psychologiquement que les textes) montrant l'entreprise déposer le bilan et licencier des salariés pour avoir essuyé plusieurs échecs dus à un manque d'anticipation généré par une carence en information stratégique. Cette vidéo se conclue par un message positif (qui a pour but de générer sur la cible le soulagement et la tendance future à l'action volontaire et naturelle). Ce message dit que si l'ensemble des employés devient un acteur du renseignement, alors l'entreprise sera beaucoup plus à même de faire face aux problématiques concurrentielles car elle sera en possession d'une véritable démarche de diffusion immédiate et spontanée d'information générée et véhiculée par l'ensemble des personnes travaillant au sein de celle-ci.

Mais attention : pour que la « manipulation » fonctionne réellement, il faut que l'individu se sente parfaitement libre de ses actes et choix. Sinon, l'engagement personnel sera nul et il est fort probable que la personne ne reproduise plus ce comportement par la suite. Nous pourrons mesurer les effets de notre technique par l'étude des points suivants :

-Radicalisation du comportement. La personne est devenue réellement convaincue de la nécessité de produire cette nouvelle action (à savoir ici le fait de délivrer et diffuser naturellement toute information au sein de l'entreprise).

-Résistance aux attaques. L'individu défend son nouveau comportement si une personne vient remettre en cause son bien-fondé.

-Tendance à l'action. La cible aura naturellement tendance à reproduire par la suite ce comportement sans l'intervention d'une force extérieure.

Si ces trois aspects sont réunis, alors nous pourrons dire que les individus au sein de notre entreprise auront été bien conditionné et notre action de sensibilisation au processus de veille et de réseau interne bien entamée. Cette technique est de plus un excellent moyen pour amener les individus à réaliser leur importance au sein de leur organisme et à prendre conscience que leur participation active au processus de collecte et de diffusion d'information peut sauver l'entreprise, ou du moins lui permettre d'être bien mieux armée pour affronter des concurrents internationaux qui ont depuis longtemps compris l'importance de la généralisation du travail de veille à l'ensemble du personnel de l'entreprise. C'est donc aussi un moyen d'améliorer la communication interne de l'entreprise qui est aussi déterminante dans le fonctionnement de celle-ci, car permettant de diminuer les tensions et d'augmenter la cohésion des individus au sein de l'organisation.

Le responsable Intelligence Economique doit donc connaître pour être efficace dans son action d'interrogation des réseaux les techniques psycho-socio-cognitives qui amènent à conditionner le comportement d'une personne afin de l'amener à divulguer d'elle-même l'information, sans jamais utiliser de contrainte ou de pression explicite mais simplement en l'engageant dans des actions non coûteuses en faveur de cette démarche ou par l'utilisation de techniques avérées. La veille est donc aussi une action psychologique et humaine. Elle doit pouvoir anticiper les réactions des individus pour les aborder sans générer de méfiance de la part de ceux-ci, et ainsi éviter une dégradation volontaire de l'information qui constitue un problème grave dans ce processus.
Dans le cadre du réseau interne, on parlera donc de techniques visant à améliorer la perception de la personne vis-à-vis d'elle-même et de l'entreprise, en lui faisant prendre conscience de la nécessité pour le bon fonctionnement de celle-ci de son implication entière dans le travail de veille et d'interrogation de sources. Le but sera ici de tout faire pour éliminer le désintérêt et la rétention d'information de la part des employés, ce qui constitue trop souvent un facteur d'altération du mécanisme de recueil d'information. Un bon travail de veille ne peut s'effectuer que dans une relation de confiance entre les individus.

Dans le cadre du réseau externe, il s'agira d'influencer le comportement d'individus qui à priori n'ont aucun intérêt à divulguer de l'information. Un important travail psychologique sera donc mis en place pour élaborer une stratégie visant à amener ces individus à fournir "librement" l'information recherchée (notamment au moyen de techniques d'engagement et de méthodes de pression inconscientes générées par la stimulation de certains zones de leur cerveau via ces méthodes). "La veille est l'affaire de tous". Tous les employés sont de possibles détenteurs d'information capitale pour la stratégie présente ou future de l'entreprise. Savoir comment les aborder et leur demander une requête est donc aussi primordial que de savoir rechercher une information sur du support numérique ou physique. C'est pourquoi il faut intégrer dans toute démarche et politique d'Intelligence Economique une dimension psychologique visant à accroître l'efficience de ce travail.

Etudions maintenant l'élaboration d'une stratégie d'influence sur le WEB dans le but de diffuser une information stratégique et rendre un message le plus efficace possible, c'est-à-dire toucher et modifier le comportement du plus grand nombre de personnes et créer un effet de propagation ou "buzz" important. Il est important de souligner qu'influencer se distingue clairement du fait de convaincre, persuader ou encore manipuler. Influencer un individu signifie le fait de lui faire subir une pression externe, directe ou indirecte, consciente ou inconsciente afin de conditionner son comportement en l'amenant à adopter une attitude favorable par rapport à notre objectif. Le domaine de la psychologie et notamment la psychologie sociale (qui étudie les interactions entre les individus) déborde là aussi de conseils et de techniques approuvées scientifiquement pour influencer un individu. Ainsi, Solomon Asch par exemple a démontré qu'un individu subissant une pression d'un groupe organisé va subir une influence de cette majorité, et s'adapter à eux pour ne pas se sentir rejeté. A l'inverse, Serge Moscovici a démontré qu'une minorité peut aussi parvenir à influencer une majorité qui pourtant est bien établie et légitime au sein de la société pour peu qu'elle soit organisée, constante et déterminée. Voilà donc deux informations très judicieuses qui vont nous fournir les armes pour construire notre stratégie.

Appliquons donc dans notre travail les principes que nous avons vu, à savoir les phénomènes d'influence majoritaire et minoritaire.
Si nous voulons modifier le comportement et la perception d'un individu en particulier, nous pourrons opter pour la première technique et si nous cherchons à influencer une masse d'individus, nous opterons pour la technique de Moscovici. Bien entendu, ces deux techniques ne sont pas les seules et peuvent être complétées ou remplacées par de nombreuses autres, tout aussi judicieuses et adaptées.

Ce travail de "psychologisation stratégique" de l'influence a dans l'histoire été appliqué de très nombreuses fois et a généré des résultats étonnants d'efficacité. Pendant la guerre du Vietnam, l'armée vietnamienne avait ainsi trouvé une technique surprenante pour influencer l'opinion publique américaine. Lorsqu'un soldat ennemi était capturé, il était accueilli par une personne se présentant comme un médecin. Le premier jour, cette personne se contentait de lui soigner ses blessures et s'en allait aussitôt le travail terminé. Les jours suivants, il continuait à prendre soin du prisonnier et entamait la conversation, sans pour autant nouer de véritables liens avec son hôte . Petit à petit, le médecin s'immisçait dans la vie de la personne et créait une véritable relation d'"amitié" avec son patient, ce qui avait pour but de mettre la personne de plus en plus en confiance et de détruire ses barrières défensives bien présentes au début de son incarcération.
Les discussions devenant de plus en plus intimes et profondes, le médecin faisait prendre conscience au prisonnier que le gouvernement vietnamien n'était pas aussi cruel que celui des Etats-Unis, qui n'hésitait pas à massacrer des innocents pour atteindre ses objectifs. Mieux encore, il réussissait grâce à cette attitude affectueuse à faire naître chez la personne un dégoût pour son propre camp. Le prisonnier se voyait également offrir la possibilité d'envoyer du courrier à ses proches. Naturellement, la personne racontait la relation amicale qu'il avait noué avec des membres de l'armée vietnamienne, et critiquait fortement les actions du gouvernement américain. Les proches se voyaient donc eux aussi influencés par ses écrits et relayaient le message au sein de la société, créant ainsi une propagation importante et rapide d'un sentiment d'aversion vis-à-vis du gouvernement des Etats-Unis.

Cette anecdote illustre très bien la puissance de la psychologie dans une technique d'influence de masse, qui surpasse en terme d'efficacité une stratégie fondée sur la diffusion forcée et imposée d'un message dans l'esprit des individus.

Nous pourrons ainsi déstabiliser ou influencer un concurrent en utilisant une technique qui est extrêmement efficace, le « déséquilibre heiderien ». Celle-ci consiste à mettre l'adversaire en état de déséquilibre cognitif. Gilly définit ce concept comme une "dynamique interactive, caractérisée par une coopération active avec prise en compte de la réponse ou du point de vue d'autrui et recherche dans la confrontation cognitive d'un dépassement des différences et contradictions pour parvenir à une réponse commune". Ce conflit sera généré en liant l'image de la cible à un élément qui génère de l'animosité chez la plupart des individus (tensions sociales, licenciements de masse, affaires de corruption etc).

Le but est ici d'amener l'adversaire à se trouver opposé à l'opinion publique ou à un acteur clé déterminé afin qu'il ressente un réel état de malaise et de tension psychologique généré par un conflit intérieur extrêmement puissant et désagréable. Il aura donc tendance à chercher à tout prix à rééquilibrer cette « balance cognitive » en modifiant son comportement pour le rendre conforme aux attentes de son environnement et en accord avec les normes et valeurs sociales véhiculées par nos sociétés (honnêteté, intégrité, solidarité,...).

Une bonne stratégie d'influence se doit donc de reposer principalement sur une approche psycho-sociologique. Savoir se mettre à la place de son concurrent et de son adversaire pour élaborer ses propres actions stratégiques est une aptitude qui demande énormément d'effort et de patience. Mais maîtriser ces techniques peut produire des effets si importants qu'il serait dommage de négliger cet aspect. Nous pourrons ainsi dire que notre stratégie aura véritablement été efficace si nous avons réussi à créer un phénomène de "normalisation" des comportements, c'est-à-dire une convergence des individus sur un même jugement qui aura au préalable été préparé et conditionné par notre travail préparatoire ou la production par un individu isolé d'une attitude conforme à la majorité. Dans le cadre d'un processus de veille, nous serons alors capable d'optimiser les relations interpersonnelles afin de fluidifier les circuits de diffusion de l'information, à la fois internes et externes.

L'humain étant le cœur de l'Intelligence Economique, connaître et utiliser la psychologie pour dynamiser ce processus est absolument indispensable. Un bon dirigeant ou responsable IE sera donc aussi un bon psychologue, à l'écoute de son environnement et sachant comment aborder les individus pour les amener à volontairement devenir eux-mêmes des acteurs stratégiques au service de l'entreprise.
Conditionnement évaluatif : comment rendre attractif un élément neutre?
21 févr. 2010

Nos sociétés de consommation reposent sur de nombreux codes et principes avérés de conditionnement et d'influence de la perception et de la pensée.
Nous sommes depuis très longtemps suspicieux et méfiants vis-à-vis de subterfuges de manipulation psychologique tels que les images ou messages subliminaux qui visent à imprégner le cerveau des récepteurs d'une image ou d'un texte précis venant s'insérer dans un plan de construction visuelle ordinaire. Par exemple, cela peut correspondre à une 25ème image par seconde que nous ne sommes pas en mesure de percevoir, du moins consciemment ou encore un message dissimulé dans un cadre visuel ou textuel déjà existant. Il se trouve que bien que ces éléments réussissent à s'inscrire insidieusement dans notre esprit, il n'a jamais été prouvé que cette intrusion psychologique possédait réellement un effet de modification de notre comportement et de notre pensée. En revanche, d'autres techniques sont beaucoup plus efficaces et sont pourtant bien plus utilisées et mises en application dans notre monde. Nous allons ici aborder et analyser une des techniques les plus puissantes de manipulation de notre esprit et plus précisément de notre inconscient, technique qui nous amène à produire des comportements bien précis et à développer des réactions psychiques particulières que nous n'aurions jamais généré sans la présence de celle-ci. Cette technique se nomme en psychologie le "conditionnement évaluatif".

Le plus incroyable est que cette technique est basée sur un principe tout-à-fait banal. Elle suppose ainsi que la simple superposition ou mise en relation d'un élément à forte valeur sentimentale ou véhiculant une image positive dans l'esprit de l'individu peut suffire à créer de l'attraction vis-à-vis d'un élément second qui lui possède une charge émotionnelle ou affective neutre. Prenons un exemple concret : nous voulons rendre un élément absolument banal de nature (par exemple une bouteille d'eau) attractif pour inciter des clients à acheter ce produit. Pour cela, il suffit de l'associer à un élément à forte charge affective, par exemple un personnage ou une personne vivement apprécié par le plus grand nombre tel qu'un sportif reconnu. La simple mise en relation de ces deux éléments (la bouteille et le sportif) va créer une transmission de la charge affective véhiculée par la personnalité sur l'objet qui pourtant était à la base parfaitement commun. Notre esprit va donc inconsciemment assimiler le caractère positif du premier élément et le transposer sur le second objet, cela sans provoquer le moindre soupçon ou la moindre réaction consciente de notre cerveau.

L'efficacité impressionnante de cette technique a été largement prouvée via de nombreuses expériences menées sur des échantillons de personnes parfaitement diversifiés. Un test a par exemple été fait sur des étudiants d'Université : on présentait à ces personnes des cartes de visite comportant un prénom, par exemple Bob ou John. Le fond de la carte était constitué de mots entrelacés véhiculant soit une valeur positive (cadeau, amour, joie,...) pour Bob ou bien négative (mort, accident, tristesse,...) pour John. Les étudiants ne faisaient absolument pas attention à ces mots de fond, se concentrant sur les prénoms à visionner. Lorsqu’ils quittaient la salle, les étudiants rencontraient une personne inconnue prétendant s'appeler soit Bob, soit John. Le résultat est que la grande majorité trouvait cet inconnu plus sympathique lorsqu’il disait s’appeler Bob et plus antipathique lorsqu’il disait s’appeler John. Le plus incroyable est que lorsqu'on leur demandait si ils avaient un souvenir de la présence de mots entrelacés dans les cartes, ils répondirent tous négativement. Cela nous montre bien le pouvoir d'influence inconsciente généré par cette technique qui est portant très simple. ce n'est donc pas étonnant de la voir envahir notre environnement, dissimulée à la fois dans des publicités, des livres, des discours et meetings politiques (pas neutre le fait de faire appel à des soutiens de personnalités populaires!) ou encore dans des évènements aussi divers que variés.

Il suffit juste d'ouvrir les yeux et de faire attention à tous les éléments qui nous entourent, et nous pourrons nous rendre compte de l'omniprésence de cette technique de manipulation psychologique, qui est depuis longtemps utilisée par des professionnels de la publicité et du marketing pour nous inciter à consommer leurs produits et à adopter un comportement favorable à leurs intérêts.


Pour illustrer cette technique, voici quelques spots publicitaires utilisant chacun un très bon conditionnement évaluatif : évident lorsqu'on connaît cette méthode!


Première pub Coca Cola
envoyé par BSmax. - Découvrez plus de vidéos créatives.


1980 - nesquick
envoyé par fifitou.


zidane pub3 volvic
envoyé par flo_6. - Regardez plus de vidéo de sport et de sports extrêmes.
Comment lutter contre l'infobésité?
08 févr. 2010
Trop d'information tue l'information
Noël Mamère
Nous évoluons dans un monde surchargé d'information. Celle-ci est présente partout : dès le réveil nous sommes confrontés à des dizaines d'infos provenant de sources extrêmement variées que ce soit notre radio, notre télévision, notre téléphone portable, Internet etc. Ce trop plein d'information envahit en permanence notre esprit et devient si encombrant que nous sommes la plupart du temps incapables de prendre assez de recul pour traiter et analyser l'information qui nous semble véritablement pertinente et digne d'intérêt. L'infobésité est réellement le mal de notre société : Annie Hudon, une journaliste québécoise a d'ailleurs écrit au sujet de ce problème qu'au XVIIème siècle, une personne était exposée au cours de sa vie à moins d'information qu'on en retrouve dans une seule édition du New York Times!

Le développement sans cesse grandissant des Technologies de l'Information-Communication (TIC) contribue largement à construire une société dans laquelle les individus ne peuvent plus se poser calmement pour faire appel à leur esprit critique et analyser posément les informations qui leur permettront de développer une réflexion et une attitude d'être pondéré face à son environnement.

Dès lors, comment se prémunir contre cet envahissement et intrusion psychologique et lutter pour ne pas se laisser dominer par d'innombrables flux informationnels qui parasitent sans cesse notre esprit réflexif? Comment arrêter de n'être qu'un simple récepteur d'information et parvenir à adopter un comportement d'être analytique et réfléchi?

La première chose à faire est de sélectionner avec attention l'information que nous souhaitons recevoir. Pour cela, posons-nous d'abord la question de savoir quels sujets nous intéressent et dont nous souhaitons être informés. Une fois ce choix fait, focalisons notre attention au quotidien sur ces sujets précis et négligeons les autres, qui constituent alors pour notre esprit sélectif du "bruit informationnel".

Pascal Frion, spécialiste en Intelligence Economique nous donne une autre méthode, un peu plus extrême mais néanmoins très efficace. Il propose ainsi d'adopter une attitude qu'il nomme RMI (Refus Méthodique d'Information). Sa technique consiste à se débarrasser complètement de tout flux informationnel provenant des médias traditionnels (télévision, journaux, WEB,...) et à se concentrer sur des supports plus "figés" que constituent les livres et les magazines. De ce fait, notre esprit se libère complètement de l'emprise de ces différentes sources en perpétuel changement qui délivrent de l'information immédiate et non analysée et peut se focaliser sur de l'information déjà traitée et transformée en "connaissance", qui constitue le degré supérieur de l'information. Un livre peut donc constituer une source d'apprentissage nous permettant d'acquérir les clés nécessaires à la construction de notre propre esprit critique et à notre analyse réflexive du monde, et ainsi nous permettre de nous libérer de l'énorme pouvoir d'influence psycho-cognitif exercé par les médias sur notre esprit. Nous avons tendance à l'oublier mais un livre peut constituer une source de découverte et d'apprentissage beaucoup plus importante et enrichissante que les autres supports d'information pouvant pourtant sembler plus "attractifs".

Car il faut garder à l'esprit que l'information diffusée via les médias est par essence profondément subjective : rien que par les thèmes et sujets traités et abordés, on nous impose une ligne de pensée à adopter (Mac Comb illustre d'ailleurs ce principe à travers sa théorie de l'Agenda Setting). Notre esprit est sans cesse orienté par ces médias qui nous empêchent de déterminer et créer notre propre choix de réflexion et d'analyse en nous submergeant d'informations présélectionnées par des compagnies privées qui se partagent cet empire médiatique. Le WEB a cela d'appréciable que l'information doit être recherchée volontairement par les individus. Mais qui sait réellement chercher de l'information fiable et pertinente au travers de ces milliards de pages indexées? Le WEB peut donc être un moyen très efficace de lutter contre l'infobésité mais à condition de savoir bien chercher et de visiter des sites dont la crédibilité est à priori validée (il faut savoir qu'il existe des outils permettant d'examiner et de déterminer la fiabilité d'un site, pour n'en citer qu'un : Web Of Trust, extension de Mozilla Firefox à télécharger ici. Bien que n'étant pas infaillibles, ils n'en demeurent pas moins très utiles).

Sélectionner son information et déterminer ses propres sources et sujets d'analyses et de réflexion semble donc être la base de la lutte contre ce fléau. Modifier notre comportement quotidien et essayer d'être moins passif vis-à-vis de l'information que nous recevons est un comportement qui devrait être adopté par tous. Si chacun commence à développer réellement un esprit critique et analytique par rapport à son environnement, peut-être alors commencerons-nous à tendre vers une société un peu plus "éclairée" ou tout du moins moins soumise au diktat de l'industrialisation de l'information et de l'uniformisation des pensées.

Pour illustrer cet article, voici une vidéo satirique illustrant très bien ce problème de surcharge d'information. Les images parlent d'elles-mêmes!




Comment naît l'innovation?
01 févr. 2010
Sois le changement que tu veux voir dans le monde
Gandhi

L'innovation anime et transforme nos sociétés depuis leur création. Celle-ci peut être à la fois cognitive (elle fait évoluer les savoirs et la connaissance) ou bien sociale, c'est-à-dire qu'elle va influencer et modifier les fondements de notre société. Ce phénomène complexe amène l'organe sociétal à constamment se remettre en question au niveau de son organisation et de ses savoirs, et à évoluer pour tendre vers un monde plus éclairé et moins replié sur lui-même. Un exemple parfait d'innovation sociale majeure dans notre monde est Gandhi, qui a très bien démontré que la non-violence pouvait venir à bout de l'oppression colonialiste et de la prise de pouvoir par la force.

Mais qu'est-ce qui explique ce processus complexe? Comment un système ancré dans ses croyances et ses préjugés peut-il changer et abandonner ses anciennes convictions pour en adopter de nouvelles qui souvent bouleversent considérablement et en profondeur son fonctionnement?
Nous allons étudier quel facteur psycho-sociologique majeur intervient dans ce processus. Ce même facteur qui façonne notre monde en perpétuelle évolution et changement depuis la nuit des temps.
Celui-ci a été mis en évidence à la fin des années 70 par Serge Moscovici, psychosociologue roumain né en 1925 et Claude Faucheux. Par une étude approfondie, ils tentent d'expliquer les exemples typiques d'innovation ayant marqué notre monde comme l'influence de Galilée, de Copernic ou encore la révolution inaugurée par le mouvement féministe sur notre monde. Il parvient ainsi à mettre en évidence un phénomène qui semble être à l'origine de la plupart des innovations.

Ce phénomène, qu'ils nomment "influence minoritaire", présente les caractéristiques suivantes : un individu ou un groupe d'individu, évoluant dans une société gouvernée par un courant de pensée unique et bénéficiant de l'appui et du poids de la majorité des individus (cas typique de nos sociétés dites "de masse") va s'affirmer au sein de la majorité pour s'opposer à celle-ci et revendiquer ses différences ou ses opinions divergentes. Elle va donc constituer une minorité "contre-normative" (qui s'oppose aux normes sociales établies) active et affirmée.

Pour être efficace, cette opposition doit être bien ordonnée : elle doit être constante et "diachronique" (à travers le temps) dans les idées qu'elle défend afin de conserver sa crédibilité vis-à-vis de l'opinion publique, "nomique" (le discours qu'elle prononce doit être clairement défini et différent du discours majoritaire), être visible afin de pouvoir être entendue de tous et autonome (doit réellement laisser transparaître son indépendance vis-à-vis du mouvement dominant). Enfin, elle ne doit surtout paraître trop "rigide" pour ne pas donner l'image à la société d'un mouvement minoritaire refusant tout dialogue en contradiction avec ses idées.

Cette discordance va entraîner naturellement la naissance d'un conflit au sein de la société. Le conflit va générer le débat (de par la captation et la réaction des individus sur le sujet abordé), et le débat va engendrer la prise de conscience et le changement progressif. Nous voyons donc que le conflit n'est pas forcément quelque chose de négatif (comme on nous l'enseigne pourtant dès notre plus jeune âge) et est même souvent indispensable, pour peu qu'il reste dans le cadre d'un affrontement argumentatif et idéologique et ne dégénère pas en conflit physique. Il est donc nécessaire à toute société afin que celle-ci ne sombre pas dans un immobilisme latent et qu'elle n'empêche toute connaissance ou pensée préétablie d'évoluer et acquérir de la valeur et de la richesse d'un point de vue psycho-cognitif.

Ne doutez jamais qu'un petit groupe de citoyens réfléchis et engagés peut changer le monde. En effet, c'est la seule chose qui l'ai jamais fait.
Margareth Mead

L'innovation dépend donc véritablement de la cohérence et de la consistance de la minorité qui cherche à exercer une force d'influence voire de changement dans la société.

Nous pouvons voir que la minorité dans une société n'est pas toujours écrasée. Bien que la majorité possède une influence directe et immédiate sur la masse, elle peut très bien être remise en cause et perdre sa légitimité pour peu que la force d'opposition respecte les règles décrites précédemment. L'innovation psychologique et sociale est absolument indispensable dans toute société. Il est extrêmement sain de constamment remettre en question le fonctionnement de notre environnement et chercher à améliorer sans cesse l'organe sociétal afin qu'il puisse s'adapter à notre monde en évolution permanente.

Toute grande vérité passe par trois phases : elle est d’abord ridiculisée, puis violemment combattue, avant d’être acceptée comme une évidence.
Schopenhauer


La guerre e-réputationnelle
17 janv. 2010

La grandeur d'un homme est comme sa réputation : elle vit et respire sur les lèvres d'autrui.
Rivarol

La réputation est devenue un des enjeux majeurs de notre société actuelle. Avec l'avènement du WEB et des technologies de l'Information-Communication, les entreprises et les individus voient leur vie étalée à la vue de tous, sans limite de temps et d'espace.
Le WEB 2.0 avec les forums, les réseaux sociaux ou encore les blogs a exacerbé cette diffusion massive d'information relative à la réputation et à la vie des organismes ou des personnes. Cette visibilité positive ou négative a pris le nom d'"e-réputation" ou "identité numérique". Les individus n'hésitant aujourd'hui plus à exposer leur vie privée aux yeux de tous, on assiste à un effacement de la frontière entre la sphère publique et privée. Avec le WEB, tout devient public et facilement accessible pour qui sait chercher et interroger les outils numériques.
Ce phénomène d'information accessible à tous et diffusable instantanément génère un nouveau problème majeur pour les entreprises et les individus. Avant, contrôler sa réputation était beaucoup moins difficile étant donné que les seules sources d'influence étaient orales, télévisées ou écrites (bouche-à-oreille, presse écrite, radio, télévision).
Contrôler sa réputation nécessitait donc juste un travail de surveillance et de prévention vis-à-vis de ces médias, ou bien de contre-attaque en utilisant par exemple des droits de réponse pour recadrer ou rectifier publiquement la source émettrice. Une fois la vague passée, l'histoire et l'information ayant causé sa formation disparaissait et tombait dans l'oubli collectif.

Avec le WEB et notamment le WEB "social", le problème est tout autre. En quelques minutes, n'importe qui peut déclencher une gigantesque vague de rumeurs et d'informations nuisibles visant la réputation d'une entreprise ou d'un individu.
Pour peu qu'elles soient publiées dans des sources clés (blogs influents, sites populaires etc), ces informations deviennent une arme redoutable car potentiellement reprises par des millions d'Internautes qui à leur tour vont pouvoir la diffuser dans leur propre espace numérique de connaissance.
Et le plus incroyable est que cette activité peut être effectuée de manière totalement légale!
En effet, on trouve sur le WEB des milliards de page librement accessibles via un moteur de recherche tel que Google et une simple requête. Ces pages contiennent des informations que l'on appelle "ouvertes" ou "blanches" dans le vocabulaire de l'Intelligence Economique, c'est-à-dire qu'elle peuvent être accessibles par tous légalement. Cette information blanche peut être largement suffisante pour nuire et faire tomber une entreprise ou une personnalité, surtout publique. Par exemple, les bilans financiers désastreux d'une compagnie peuvent être utilisés par les concurrents pour afficher aux yeux de tous et surtout aux actionnaires son état de faiblesse et sa vulnérabilité.

On assiste donc à un changement de donne en ce qui concerne le rapport du "faible au fort". Désormais, une petite entreprise ne possédant pas beaucoup de moyens peut parfaitement détruire une grosse compagnie pour peu qu'elle l'attaque de manière réfléchie, habile et coordonnée. Il en va exactement de même à l'échelle d'un Etat et au niveau polémique (de la guerre). Un petit Etat subissant une agression par une puissance bien plus importante que lui peut très bien utiliser le WEB pour diffuser des images et des informations qui démontrent la cruauté de son adversaire. Il peut ainsi s'imposer en victime et gagner l'opinion publique adverse, ce qui lui confère un pouvoir bien supérieur que celui que possède son attaquant, seulement constitué par sa force physique ou financière. Avec le WEB donc plus besoin d'argent, de ressources humaines ou matérielles importantes pour déstabiliser un concurrent ou un adversaire. Même les plus grands peuvent se retrouver démunis face à une attaque e-réputationnelle. L'exemple le plus parlant est l'entreprise Coca-Cola qui s'est retrouvée il y a quelques années victimes d'une attaque de ce genre : une information diffusée sur le WEB affirmait qu'un individu était mort après avoir absorbé un mélange de Coca et de Mentos. Les causes de sa mort était que le mélange de ces deux produits avait formé une substance chimique extrêmement toxique. Bien sûr, les ventes de ces deux produits ont chuté pendant les semaines qui ont suivies. Il aura fallu que la société propriétaire de la marque Mentos réagisse en utilisant elle aussi le support WEB.

Ceci nous montre bien le pouvoir de l'information sur notre monde. A elle seule, une rumeur même totalement infondée peut générer la peur, l'angoisse ou la colère sur une masse d'individus selon l'objectif de la source qui l'a créée. Avec les moyens techniques impressionnants que le WEB propose aujourd'hui, on peut très facilement fabriquer un message qui soit parfaitement adapté pour l'influence et la propagande des "foules" (pour reprendre une expression de Gustave Lebon). Avec une vidéo publiée en ligne, on peut largement toucher l'affect des individus en associant images, sons et textes. Cette "bombe médiatique" pourra ensuite être lâchée sur l'ensemble des sources populaires du net (Youtube, Dailymotion,...), provoquant un "buzz" immédiat et un écho retentissant.

Un autre point important qui fait du WEB le support le plus dangereux est que celui-ci a pour particularité d'archiver toutes les données qui sont publiées et ce de manière définitive. Une information négative pourra donc être toujours consultée et retrouvée sur le WEB, même si elle a été mise en ligne des années auparavant.

Ce n'est donc pas étonnant de voir l'explosion d'agences d'un nouveau genre spécialisées dans le gestion de l'e-réputation. Ces entreprises proposent à leurs clients de prendre en charge leur réputation numérique en supprimant ou "noyant" les pages WEB pouvant porter préjudice aux personnes mises en cause.

La guerre, à la fois économique et territoriale, a donc pris un nouveau visage : désormais, les conflits et les attaques se déroulent aussi sur le WEB, et le vainqueur est celui qui réussit à éliminer son adversaire par une utilisation et une manipulation habile de l'information. Gérer son e-réputation devient donc l'affaire et le problème de tous. Celui qui refuse d'effectuer ce travail de surveillance et de contrôle permanent s'expose à de lourdes conséquences. Comme le dit Kant, "la guerre est l'état naturel de l'homme". Le WEB n'est qu'un nouveau champ de bataille, plus imprévisible et surtout beaucoup plus difficilement maîtrisable. Il convient donc à tous de s'engager pleinement dans le suivi numérique de toutes les informations que nous semons sans même nous en rendre compte et qui peuvent être regroupées par des personnes mal intentionnées pour constituer un "profil". Car mélangées à de fausses informations ou à des données volontairement nuisibles, elles peuvent constituer une menace concrète et incroyablement destructrice.


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Soumission à l'autorité : quand nos valeurs génèrent l'horreur
07 janv. 2010
J'observai un homme d'affaire équilibré et sûr de lui entrer dans le laboratoire, souriant et confiant. En moins de vingt minutes, il fut réduit à l'état de loque parcourue de tics, au bord de la crise de nerfs (...). A un moment il posa sa tête sur son poing et murmura : "Oh mon Dieu, faites qu'on s'arrête!" Et pourtant il continua à exécuter toutes les instructions de l'expérimentateur et obéit jusqu'à la fin.
Stanley Milgram

Un être humain de nature pacifique et révolté par la violence peut-il se transformer en tueur implacable juste parce qu'il a reçu l'ordre de le faire, qui plus est par une personne qu'il ne connaît même pas?
Nous aimerions tous à cette question répondre : bien sûr que non. Cependant, nous allons voir que la nature humaine nous réserve décidément bien des surprises.

Cette question a été étudiée par un psychologue américain du nom de Stanley Milgram. Dans les années 60, il tente de comprendre les anciens tortionnaires et exécuteurs nazis qui, lors du procès de Nuremberg, semblaient réellement croire qu'ils n'étaient pas véritablement maîtres de leurs actes mais juste exécutants d'ordres supérieurs.

Milgram a donc mis au point une expérience pour essayer de démontrer que n'importe quelle personne pouvait adopter le même comportement atroce sous la pression d'une autorité hiérarchique.
L'expérience se présente comme tel : on invite une personne parfaitement saine d'esprit à participer à une expérience de psychologie sociale par une annonce publiée dans les journaux, moyennant rémunération.
Après candidature et recrutement, cette personne est accueillie dans un endroit qui possède une très forte connotation scientifique : machines, ordinateurs, personnels en blouses blanches tenant des bloc-notes d'observation etc.
Arrivée sur les lieux, la personne retenue se voit expliquer les règles : elle doit faire apprendre à une autre personne présente sur les lieux une série d'association de mots simples (ex : Ciel-Bleu) et tester ainsi sa capacité d'apprentissage et de mémorisation. Après une répétition générale, la personne va questionner l'"élève". Si celui-ci répond bien, on passe à un autre mot. Si elle répond mal, la personne désignée comme "maître" reçoit l'ordre d'envoyer un choc électrique à l'élève, d'intensité graduelle et s'élevant jusqu'à 450 volts (largement suffisant pour tuer un être humain).

Le résultat est éloquent et effrayant : 65 % des individus ont été jusqu'à administrer un choc de 450 volts à la personne élève , ce qui les aurait amené à exécuter cette personne si l'expérience n'avait pas été factice.

Un comportement propre à une époque et un contexte direz-vous. Et bien pas du tout : en 2009, deux psycho-sociologues français décident de recommencer l'expérience. A travers une nouvelle émission de télé-réalité nommée "Zone Xtrême", les candidats sont amenés à effectuer exactement les mêmes actes que lors de l'expérience de Milgram. La récompense est ici une forte somme d'argent. Le résultat a prouvé que non seulement les candidats ont pour la grande majorité dépassé le seuil fatal des chocs électriques, mais elle a aussi démontré que le public présent dans la salle soutenait activement le choix du candidat et le poussait à continuer.
Shanab et Yahya, en 1977, tentèrent cette expérience dans un pays radicalement différent d'un point de vue culturel, la Jordanie, pensant que ce comportement était propre aux mentalités occidentales. Le résultat confirma l'expérience de Milgram : 73 % d'acceptation de la part des personnes cobayes.

Dès lors, comment expliquer ce comportement qui semble être ancré dans la nature profonde de l'homme?
La réponse est à chercher tout d'abord dans notre éducation. Depuis tout petit, nous apprenons de nombreuses valeurs que les entités supérieures à notre être (parents, société) nous inculquent. Ces valeurs sont par exemple l'obéissance, le fait de toujours positiver, d'être solidaire, généreux envers les autres et surtout d'être un individu LIBRE de ses actes et de ses choix. Qui n'a jamais appris qu'obéir aux ordres était bien est qu'il était néfaste de s'opposer aux règles établies et ainsi troubler l'ordre fragile de notre société?
Depuis notre plus jeune âge nous intériorisons ces valeurs et agissons en permanence en accord avec celles-ci. Aristote nommait ces principes l'Ethos, qu'il différenciait du Pathos (l'émotion et l'affectif) et du Logos (le discours raisonné). Du fait de cette intériorisation systématique, notre esprit perd de sa faculté à juger et à critiquer, et nous tombons dans le piège des valeurs morales et sociales très facilement.

Mais cette obéissance aveugle et ce comportement meurtrier s'explique par d'autres facteurs psychologiques et cognitifs. L'individu est également influencé par ce que l'on appelle en psychologie le biais d'auto-satisfaction (self-serving bias). Ce phénomène inconscient s'explique comme ceci : nous avons tendance à intérioriser nos comportements positifs ("j'ai réussi grâce à mon travail",...) et à extérioriser les négatifs ("ce n'est pas ma faute",...). Ainsi, lors d'un contexte de soumission autoritaire et d'obéissance, nous rejetons toute notre culpabilité sur l'autorité pour se soulager de notre état de malaise. Nous nous enfermons donc dans un état irresponsable, et nous nous considérons alors comme un simple subordonné obéissant aux ordres. Milgram a nommé cet état l'"état agentique". Plongé dans cet état, nous ne sommes plus que de simples exécutants qui nous contentons d'obéir aux ordres et de faire ce qu'on nous demande, le caractère inhumain des ordres important peu. Notre faculté de perception et de jugement de la situation est donc réellement annihilée.

Une autre clé de réponse se trouve dans le phénomène d'"engagement" que nous produisons et dans lequel nous nous enfermons inconsciemment au travers de ces actions. Une fois engagé dans nos actes, nous éprouvons une énorme difficulté à arrêter ce processus, et nous sentons dans l'obligation de poursuivre notre action, sous peine de remettre en cause tout notre comportement depuis le début. Ce phénomène est appelé "escalade d'engagement" et forme dans le vocabulaire de la psychologie ce que l'on appelle un "piège abscon".
Ainsi, nous produisons dans cette expérience de nombreux actes tout d'abord insignifiants (administrer un choc électrique de très faible intensité), puis de plus en plus lourds (on arrive rapidement à 100, 200 puis 300 volts).
Après avoir entamé le processus d'administration de ces chocs et avoir entendu quelques gémissements de la part de la victime, on commence à sentir un état de malaise extrêmement désagréable. Cet état de malaise est appelé "dissonance cognitive" et est généré par la non cohérence entre nos croyances profondes (il ne faut pas blesser un autre être vivant), et nos actes qui traduisent un comportement atroce et inhumain. En règle générale, nous tentons de réduire cet état d'inconfort en réduisant cet écart croyance/action. Dans le cas présent, arrêter l'expérience signifierait remettre en cause l'ensemble de nos actions et priverait de sens notre implication totale dans cette expérience. Il faut aussi préciser que l'intégralité de ces personnes ayant participé à cette expérience ont été suivies longuement par des psychologues, car plongées pour la plupart dans un traumatisme extrêmement profond.

Nous pouvons donc voir que n'importe quelle personne, même si elle est fondamentalement opposée à la violence, peut rapidement abandonner ses convictions profondes et se transformer en monstre implacable sous l'effet d'une autorité qui exerce sur elle une légitimité et une crédibilité forte. L'histoire nous a malheureusement montré qu'il était très facile de créer tout un système basé sur cette soumission aveugle, de par la simple instauration d'éléments stratégiques exerçant sur le peuple ces deux facteurs indispensables à la génération d'un état "agentique" à qui l'on donne des travaux à priori anodins lorsqu'ils sont séparés de leur contexte.
A l'avenir, évitons donc de juger trop vite les actes des personnes que nous jugeons contraires à notre éthique, et essayons d'analyser les facteurs environnementaux et situationnels qui les ont amené à produire cet acte, car nous aurions peut être fait la même chose à leur place et plongé dans leur contexte. Il est toujours très facile d'accuser les autres mais il est beaucoup plus difficile de remettre sa propre personne en question!

Pour terminer cet article et illustrer ces notions abordées, voici un extrait vidéo du film I comme Icare, film français de Henri Verneuil sorti en 1979, qui retraduit parfaitement cet état de soumission absolue de l'individu plongé dans un contexte d'autorité et d'obéissance.


Extrait i comme icare
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Bouclier d'or : Comment Internet révolutionne t-il les pratiques de renseignement et de surveillance?
05 janv. 2010
"Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu'à la mort pour que ayez le droit de le dire."  Voltaire

Voici un article que j'ai rédigé pour un de mes travaux universitaires dans le domaine de l'Intelligence Economique. Internet faisant partie intégrante de notre société moderne, j'ai trouvé intéressant de montrer comment cet outil, qui a véritablement révolutionné notre mode de vie peut aussi se transformer en véritable système de contrôle social et de fabrication de la pensée si des dérives autoritaires s'immiscent dans cet océan numérique d'information. Il a été rédigé en janvier 2010...un mois avant le coup médiatique propulsant Wikileaks sur le devant de la scène!

Internet constitue l'une des plus puissantes et influentes inventions de ces vingt dernières années. Grâce à ce gigantesque réseau le monde ne connaît plus de frontières : on peut instantanément entrer en contact avec l'autre bout de la planète et s'informer en temps réel sur n'importe quel sujet et de n'importe quel endroit du globe.
Mais ce système possède ses travers. Tout ce que l'on y fait est susceptible d'être surveillé et intercepté sans la moindre difficulté. Contrairement à ce que l'on peut penser, Internet est le moyen de communication le moins sécurisé qui existe. Tout vos moindres déplacements et visites sont enregistrées et laissent des traces (appelées cookies). Ces traces peuvent être réutilisées pour construire un profil propre à chaque personne en fonction de ses habitudes de navigation. Effrayant quand on sait que nous dématérialisons la plupart des données importantes (documents administratifs, bancaires,...). Ce détail n'a pas échappé à de nombreux organismes, qui voient en lui un formidable moyen de s'informer et se renseigner librement et très rapidement sur les pratiques des individus via ce réseau.

Le Big Brother chinois

La Chine a très tôt compris l'intérêt énorme que pouvait constituer cet outil et a décidé depuis les années 2000 d'investir massivement dans la recherche, la collecte, l'analyse et le traitement de ces innombrables flux numériques qui constituent le toile. Quand on sait que ce pays concentre près de 338 millions d'internautes chaque jour (chiffre donné par le China Internet Network Information Center dans son 24ème rapport sur l’usage du Web par la population chinoise), on comprend que le gouvernement considère autant ce nouvel outil et décide de l'exploiter pleinement en débloquant des fonds énormes spécialement crédités pour ce travail.
Ainsi est né le gigantesque projet baptisé « Bouclier d'or » ou «Jin Dun». Ce programme constitue une gigantesque base de données qui permet de répertorier les sites les plus couramment utilisés par les citoyens pour diffuser des avis, des opinions ou des documents informatifs et de construire un immense répertoire de données sur le comportement de chaque internaute. Cette base est administrée par les services de sécurité du pays (le Gonganbu) qui peuvent surveiller et bloquer n’importe quel site comme l'explique Roger Faligot, journaliste-écrivain. Les dirigeants ont donc très bien perçu qu'Internet est l'outil idéal de surveillance et de gestion des flux informationnels et sociétaux. En effet, qui parvient à maîtriser ces flux au sein d'une société parvient à contrôler celle-ci, l'information étant le cœur de tout système. Une étudiante chinoise témoigne : « Quand j'ai appris par des amis européens que le premier ministre chinois avait été victime comme Bush d'un lancer de chaussure durant une conférence en Angleterre, j'ai voulu aller vérifier via la vidéo sur le net. J'ai seulement trouvé la vidéo avec un coupage grossier et le ministre avec un air étonné sans raison apparente ».


Grâce à ce plan, le gouvernement adopte une stratégie qui depuis s'est généralisée dans d'autres pays : inutile de subtiliser physiquement des informations puisque l'on peut faire la même chose à bas coût et à moindre risque grâce aux cyberattaques (attaques informatiques sur des systèmes, sites ou services en ligne), et ce sans danger puisque les espions ne se dévoilent pas au grand jour. Tous les internautes chinois se voient donc constamment surveillés et interdits de visiter des sites considérés comme « dangereux ». Quelle meilleure manière de conditionner un individu que de contrôler les moyens dont il dispose pour s'informer librement, l'empêchant ainsi de se forger une opinion? Comment développer un esprit critique lorsque la seule information que nous pouvons recevoir et analyser est celle sélectionnée par une autorité supérieure?


Depuis sa mise en place, ce plan a coûté près de 630 milliards d’euros et nécessité près de 30 000 policiers

La section renseignement économique du ministère de la sécurité chinoise a également reçu pour mission d'empêcher les étrangers de se procurer l'information financière qui n'a pas été triée par les autorités. Ce tri est effectué par le Gonganbu, le Ministère du Commerce Extérieur et de la Coopération Economique et le département de propagande du Comité central du parti communiste chinois (source : Intelligenceonline.fr). Grâce à ces dispositions, la Chine est actuellement considérée comme l'un des pays les plus puissants et efficaces en terme de renseignement économique.

La technologie au service de la liberté d'expression
De nombreux dissidents ont décidé de ne pas se soumettre et ont crée des outils pour lutter contre cette censure. Des experts en informatique ont ainsi développé une plate-forme en ligne (Wikileaks) basée sur la technologie du WIKI. Le but de celle-ci est que n'importe qui peut administrer et gérer les différentes pages du site appelé « collaboratif », sans avoir besoin de s'inscrire et en conservant un anonymat total. 
 
Elle permet donc de mettre à la disposition de tous des documents sensibles liés aux autorités chinoises. Les créateurs prônent une transparence totale de l'information au niveau des gouvernements. Il a rencontré un très grand succès et s'est depuis généralisé au monde entier. Il a connu de très nombreuses attaques mais les créateurs, experts en sécurité numérique ont réussi à rendre le système extrêmement résistant aux cyberattaques.
Wikileaks est déjà traduit en 12 langues et répertorie presque 2 millions de documents
Picidae est aussi un nouveau moyen de contourner la censure sur Internet. Il fonctionne comme un proxy (serveur externe qui crée le lien entre l'ordinateur et le site demandé), mais possède une particularité propre : il va créer une «image» (site clône au format photo mais possédant l'ensemble des liens actifs) du site. Ainsi, les pages étant celles générées par le serveur et non par le site réel bloqué pourront s'afficher et la navigation s'effectuer normalement. Ce système a été créé afin de permettre aux internautes chinois de s'informer sans contrainte et rencontre un très vif succès car permettant de «surpasser la barrière» (expression très populaire en Chine). 
Ces deux systèmes reposent sur des logiciels libres. Un logiciel libre est un programme informatique dont les créateurs ont décidé de divulguer sa composition, appelée code source. Contrairement aux «propriétaires», ils peuvent être entièrement étudiés, modifiés et distribués en toute légalité. L'intérêt est que tout le monde peut avoir accès à sa «recette». Ce programme est donc extrêmement stable et sûr, n'importe quelle personne connaissant la programmation pouvant l'améliorer.
Le logiciel libre est apparu avec Richard Stallman, génie de l'informatique qui refuse les énormes contraintes imposées par les entreprises de logiciels propriétaires Il a développé un système d'exploitation pour ordinateur entièrement libre, GNU et est pionnier dans le développement de programmes distribués sous une nouvelle licence juridique « Copyleft » (contraire de Copyright ou droit d'auteur). 
 
Suite à ses inventions est né le plus célèbre et performant système informatique libre, Linux. Linux est un système d'exploitation entièrement libre et modifiable qui concurrence Windows et Mac avec ses nombreuses versions régulièrement mises à jour par une énorme communauté internationale.
L'intérêt de Linux est que de par son caractère libre et ouvert, il est absolument incompatible avec tout logiciel dit « espion » pouvant surveiller le contenu de l'ordinateur et la navigation. En effet, un tel programme actuellement réfléchi par les autorités chinoises pour durcir le plan Bouclier d'Or ne peut pas être compatible pour toutes les versions de Linux, celles-ci étant beaucoup trop nombreuses et différentes. Il est de fait inutilisable par ces utilisateurs, et ceux-ci peuvent continuer à utiliser leur ordinateur sans surveillance. Les chinois ne s'y sont d'ailleurs pas trompés : d'après une enquête menée par le site Silicon.fr (traitant de l'actualité économique et technologique), Le marché commercial de Linux en Chine a connu une augmentation de 22,6 % en 2007 et est en constante augmentation.
Le bouclier d'or présente un problème éthique : celui de la surveillance généralisée des comportements qui entraîne une violation du respect fondamental de la vie privée. Mais ce programme pose aussi un problème sécuritaire : si un tel système était piraté, d'innombrables données confidentielles  et personnelles pourraient se retrouver diffusées et exploitées par des personnes mal intentionnées. Si cette stratégie venait à se généraliser dans le monde, Internet ne deviendrait plus qu'un simple outil de surveillance et de censure, ce qui remettrait en cause sa nature même fondée sur l'idée de partage et de libre diffusion des savoirs et de la connaissance.

Vous voulez des conseils pour profiter pleinement de ce magnifique espace de liberté d'expression et d'apprentissage? Visitez donc ma plate-forme de sélection des meilleurs sites concernant l'anonymat et la sécurité sur Internet!

http://www.scoop.it/t/anonymat-et-securite-sur-internet/

Etude d'une vidéo de propagande : Time For Climate Justice
17 déc. 2009
Etude de la stratégie d'opinion de Kofi Annan au travers d'une vidéo pour le sommet de Copenhague de décembre 2009

Voici un devoir que j'ai effectué dans le cadre de mes études, à propos de la stratégie d'influence.



Présentation générale

Cette vidéo a été créée dans le cadre de la conférence de Copenhague qui s'est déroulée du 7 au 18 décembre 2009 et qui a rassemblé les principaux dirigeants internationaux ainsi que des associations pour agir contre le réchauffement climatique. Elle est plus précisément centrée sur l'association de Kofi Annan, qui fut le septième secrétaire général des Nations Unies, Prix Nobel de la paix en 2001, actuel président de l'Association Time for Climate Justice ainsi que du Global Humanitarian Forum (organisation humanitaire à but non lucratif placée sous l'autorité du gouvernement suisse). Il a été une des personnalités phare de ce sommet. Le document cible très clairement l'ensemble des citoyens du monde occidental et des pays « riches ».

Etude des principaux thèmes

Commençons par étudier les thèmes visuels. La vidéo commence par une image blanche avec l'apparition d'un très court message : Tck Tck Tck (onomatopée d'une l'horloge). Le but est ici de rendre le message accessible à tous et joue le rôle de stimulus court, facile à retenir et donc efficace. Cette onomatopée indique également l'urgence du temps qui passe mais aussi le danger de ne rien faire car cela peut symboliser le bruit d'une bombe sur le point d'exploser. Cette page se répète de nombreuses fois durant la vidéo afin d'accentuer le côté urgent et le sentiment d'angoisse.
On peut voir ensuite de nombreuses images impressionnantes et brutales de catastrophes naturelles et de ravages (cataclysmes, enfants en pleurs, populations sinistrées...) filmés en plan d'ensemble et en gros-plan. L'effet produit par l'utilisation de plans d'ensembles nous montre des individus écrasés par leur environnement et vulnérables, en position de faiblesse. Ceci est une technique cinématographique très utilisée pou transmettre cette sensation d'impuissance auprès du spectateur. Le gros plan, quand à lui, va servir à toucher directement le public, en lui donnant l'impression de vivre la scène et de regarder en face les victimes en pleurs. Cette technique sert à toucher directement l'individu, en supprimant les barrières créées par l'environnement autour des personnes.

Une personne apparaît ensuite : c'est Desmond Mpilo Tutu, archevêque sud-africain qui a reçu le prix Nobel de la paix en 1984, membre du Haut Conseil pour l'Alliance des Civilisations et qui a représenté l'ordre religieux et l'Afrique lors de cette Conférence. L'apparition de cette personne joue un rôle de témoignage. Les témoignages sont des citations utilisées pour soutenir ou rejeter une action, une politique, un programme ou une personnalité, et exploitant également le rôle et la réputation de l'individu. Ceci a pour but de donner un caractère « respectable » à la vidéo et au message véhiculé. Ici, la popularité de ce personnage et les valeurs positives qu'il véhicule auprès de l'opinion sert d'appui fort au message qu'il transmet. De plus, le fait que cette personne provienne d'un pays du Sud (l'Afrique) augmente encore plus l'efficacité communicationnelle de la vidéo : elle rajoute de la cohérence vis-à-vis du message véhiculé.
La vidéo nous montre ensuite des images d'archives du sommet de Kyoto de 1997, des images en noir et blanc mais montrant des événement récents (rassemblement des principaux dirigeants internationaux et des personnalités importantes telles que Fidel Castro, Al Gore ou encore Nicolas Sarkozy). La présence de ces personnalités internationales va servir à intéresser et toucher le plus grand nombre de personnes. Elles vont servir de référence cognitive pour les différents individus qui regardent cette vidéo. Ces images sont accompagnées de messages forts : « En 1997, les nations riches ont obtenu le contrôle du climat; Les nations pauvres ont obtenu le changement climatique; Il est l'heure d'une justice climatique; Notre dernière chance?». C'est donc un message accusateur vis-à-vis des pays riches, et une demande de réparation pour aider les pays sous-développés qui subissent l'irresponsabilité des nations modernes.
Ces quatres phrases sont entrecoupées d'images illustrant l'utilisation abusive de ressources polluantes (électricité, carburant). Elles sont précédées d'images de personnes dans des conditions misérables : femmes, enfants et hommes dans le désarroi et l'impuissance avec à la fois des plans d'ensemble mais aussi des gros plans sur les visages tristes de ces personnes tout comme les images du début et de situations catastrophiques (écoulements de terre, ouragans, déforestations abusives etc). Ces gros plans créent comme nous l'avons dit un sentiment de proximité et de partage de la souffrance (pas de barrière entre la victime et le spectateur). On note également de nombreux plans mettant en scène des enfants. L'utilisation d'enfants dans une vidéo de propagande est extrêmement judicieuse, car ceux-ci ont pour particularité de toucher beaucoup plus la sensibilité du récepteur de par les symboles qu'ils représentent : la fragilité, l'innocence et l'avenir.
Kofi Annan apparaît enfin. L'acteur principal de la vidéo nous est dévoilé et la présence de son image joue le même rôle que Desmond Tutu : témoignage et symbole fort. Son image va ainsi accroître très fortement la crédibilité de la vidéo et du message.
Une page fixe s'affiche pour conclure pendant quelques secondes et représente les symboles et logos des deux associations de Kofi Annan, le Global Humanitary Forum Geneva et les trois Tck Tck Tck de Time for Climate Justice. Un message nous explique la requête des créateurs de la vidéo : il faut se joindre à la lutte contre le réchauffement climatique. Puis ce message disparaît et laisse place à l'ultime requête : visitez timeforclimetejustice.org. Cette expression « Time for Climate Justice » qui est récurente joue le rôle de slogans , c'est-à-dire qu'il constitue une courte expression, facile à mémoriser et donc à reconnaître qui permet de laisser une trace dans les esprits. Un slogan comme celui-ci est absolument indispensable dans toute vidéo de propagande car, comme le dit Tchackotine, « le conditionnement des masses se réalise par l’association de slogans et de symboles aux pulsions primaires de l’individu : combative, alimentaire, sexuelle, parentale... »

Maintenant, faisons une étude chromatique du document avec la symbolisation et la connotation des couleurs prédominantes dans la vidéo : le noir, le blanc, le gris et l'orange. Selon Michel Pastoureau (historien et anthropologue qui a étudié l'histoire des couleurs), le noir dans nos sociétés modernes et occidentales symbolise le deuil, la tristesse, le désespoir, la peur et la mort. Le blanc, lui, connote l'unité, l'équilibre parfait et l'espoir. Le message nous propose donc un mélange complexe de sentiments positifs et négatifs, pour démontrer que malgré la situation dangereuse dans laquelle nous nous trouvons, nous pouvons encore espérer changer. Le gris qui est présent dans les images d'archives et d'autres plans symbolise la tristesse, la solitude, la monotonie et la mélancolie, ce qui agit encore plus sur l'affectif du récepteur. Enfin, l'orange connote la sécurité et l'optimisme. Elle vient donc renforcer le sentiment déjà généré par l'utilisation du blanc, à savoir que rien n'est perdu, tout peut encore changer.
On a donc une utilisation très réfléchie des couleurs utilisées pour cette vidéo, qui n'ont absolument pas été choisies au hasard par les experts en communication qui en sont à l'origine.

Etudions maintenant le caractère sonore de la vidéo. Au tout début, on entend la répétition du bruit Tck Tck Tck d'une horloge ou d'une bombe à retardement qui vient appuyer le message visuel onomatopéique. Ce son dérangeant crée un sentiment de gêne, d'urgence et de stress (sensation qu'il faut se dépêcher, que le temps est compté).

Puis, on entend une voix Off qui nous dit que nous, pays occidentaux, avons crée un véritable désordre climatique. C'est un message d'accusation et de culpabilité vis-à-vis des pays riches (les pays riches sont la cause du dérèglement climatique et sont coupables des catastrophes naturelles et humaines qui surviennent dans les pays pauvres). L'effet produit est que le récepteur se sent gêné et mal à l'aise vis-à-vis de cette accusation qui est d'ailleurs parfaitement justifiée bien qu'un peu réductrice. Le message d'alerte est appuyé par le bruit répété de l'horloge (omniprésent dans la vidéo).
On entend ensuite un enfant qui chante une chanson issue d'un groupe internationalement connu. Le but est ici de cibler un public le plus large possible avec une référence extrêmement populaire au niveau international. La chanson est extrêmement chargée en significations et porteuse de nombreuses connotations, et n'est donc absolument pas choisie au hasard. Le titre de la chanson est « Fix You » du groupe Coldplay. Fix you signifie « te réparer ». Ainsi, le titre évoque le fait de réparer, de soigner la planète qui est gravement malade tant qu'il est encore temps. De plus, les paroles sont en parfait accord avec le thème abordé (« Quand on perd quelque chose, on ne peut pas le remplacer », « J'essaierai de te réparer »). Cette chanson produit donc un effet très important car elle véhicule un sentiment de calme, mais aussi d'émotion car le ton de la chanson est triste.
Puis vient le refrain et le vrai groupe chante : cela fait monter la charge émotionnelle pour le spectateur. Cette liaison de chant symbolise l'union des personnes et des génération pour cette cause (même les artistes soutiennent ce combat). Cela a donc pour effet d'augmenter encore plus l'impact sur la sensibilité des personnes.
Pour finir, nous avons de nouveau une voix Off pendant quelques secondes, puis Kofi Annan apparaît et parle directement au spectateur en lui demandant de se joindre sans plus tarder à l'Alliance Globale pour la justice climatique. C'est donc un ordre affiché que monsieur Annan nous donne. Son message est justifié par toutes les images et données que nous avons reçu depuis le début de la vidéo. L'ignorer serait remettre en cause tous les messages propagés dans ce document et conforterait l'idée que nous sommes égoïstes et irresponsables. On ne nous donne donc pas vraiment de choix.

Cette vidéo ne comporte pas vraiment d'argumentaire « réfléchi » : on observe une dominance d'information visuelle et de phrases non appuyées par des chiffres ou des informations objectives (données, statistiques) qui pourraient nourrir la réflexion du récepteur et l'amener à se questionner sur le sujet. Ici, on ne fait que lui fournir une information déjà traitée qu'il est obligé d'accepter comme tel. On a devant nous une très bonne technique d'agitation : la vidéo tente de persuader en « agitant » les esprits à l'aide d'une rhétorique émotionnelle et affective.

Etude des techniques et figures psychologiques exploitées

Nous allons maintenant étudier et analyser les techniques et les figures psychologiques utilisées et exploitées dans cette vidéo. Nous allons voir que celle-ci en est d'ailleurs très chargée. Tout d'abord, le document est composé de mythes fédérateurs. Ces mythes sont ici la solidarité, la générosité et l'entraide. Il joue sur les valeurs psychologiques que l'on nous inculque depuis le plus jeune âge. Le stéréotype (“réservoir de représentations collectives” transcendant l'individu qui en est dépositaire selon Jung) employé ici est le fait que les pays riches pillent les ressources de la planète et dérèglent le climat global.

Cette vidéo présente aussi une évidente « simplification exagérée » (généralité qui est employée pour fournir des réponses simples à des problèmes sociaux, économiques ou politiques complexes). En effet, le message transmis qui est de lutter contre le dérèglement climatique en devenant simplement membre de l'Alliance Globale semble un peu réducteur au vu de l'extrême complexité du problème du réchauffement de la planète qui est lié à de nombreux facteurs, dont beaucoup ne sont pas abordés ici.

D'un point de vue freudien, Desmond Tutu et Kofi Annnan jouent le rôle de satisfaction pour ce que le psychologue appelle le Ca, qui est la partie impulsive et non-contrôlée de l'individu (il ya génération d'un sentiment de curiosité de la part de l'individu en entendant la voix Off au début; il se demande qui est cette personne et le découvre quelques instants après; idem pour la fin). Son inconscient est donc satisfait et sa partie reptilienne (qui contrôle ses pulsions immédiates selon Laborit) sollicitée et contentée. Cet effet est donc idéal pour une vidéo de propagande qui veut faire produire un changement de comportement de la part du récepteur.
La chanson Fix You produit un sentiment de calme, mais aussi d'émotion car celle-ci est triste. L'enfant qui chante associé aux images choquantes et brutales (cataclysmes, enfants en pleurs,...) touche le récepteur dans son affectif et sa sensibilité (l'état enfant selon Eric Berne). Le registre émotionnel est donc extrêmement utilisé. La peur, l'angoisse, la honte, l'espoir, le besoin de justice, la confiance sont ici des sentiments qui sont très bien exploités par les créateurs de la vidéo. D'ailleurs, une technique majeure utilisée dans ce document audiovisuel est la technique de l'angoisse. Cette technique souligne qu'un individu qui a peur ou qui se sent en danger (ici, celui-ci provient du dérèglement climatique et du danger imminent) est un individu en état de tension et est donc très facilement manipulable face à l'urgence d'échapper à une situation d'anxiété prononcée. Le sujet terrorisé fait tout pour échapper à sa peur et donc fait ce qu'on souhaite de lui. Seule les parties reptiliennes et lymbiques de son cerveau (sièges de l'instinct, de l'émotion et de la peur toujours selon Laborit) sont ici sollicitées.

Nous voyons donc que cette vidéo est basée sur une extrême importance du visuel : cela est logique car plus parlant et beaucoup plus efficace pour sensibiliser les gens, produisant un sentiment de proximité avec l'évènement et sollicite le cerveau lymbique et l'état enfant (Berne); on fait appel au pathos, à l'affectif, à l'émotion et à l'acte spontané et non pas au cognitif et au cortex cérébral (réflexion, analyse). En psychologie sociale, on parlera ici de traitement périphérique de l'information : on privilégie la forme (visuel, images choquantes) au fond (réflexion, qualité des éléments informatifs). Idéal là aussi pour construire une vidéo qui veut influencer le récepteur.

La vidéo utilise donc des procédés cognitifs extrêmement puissants, qui sont ceux de la manipulation par l'angoisse et la violence et par l'instauration de la peur et de la culpabilité. Nous notons aussi un très bon conditionnement évaluatif, technique de manipulation très efficace et répandue dans nos sociétés modernes qui consiste à transférer par le biais de l'inconscient un sentiment positif d'un élément vers un autre par simple juxtaposition de ceux-ci. Ici, Desmond Tutu et Kofi Annan, deux personnalités très populaires et respectées, appuient directement l'attractivité du discours prononcé par leur présence et le message qu'ils transmettent.

Les réalisateurs ont aussi utilisé la technique du triangle de Heider : la vidéo va faire comprendre que si l'individu ne se joint pas à la cause soutenue mondialement, il va effectuer une action contraire aux recommandations de Kofi Annan, Desmond Tutu et de la majorité des autres citoyens occidentaux. L'individu désobéissant va donc ressentir un état de malaise (déséquilibre heiderien) et va tout faire pour réinstaurer cette harmonie psychologique et sa relation positive avec les autres individus : rééquilibre entre le Moi (récepteur), l'Autrui et l'Objet (symbolisé par la lutte).
Elle peut aussi servir de pression conformiste du groupe sur l’individu (technique mise en évidence par Asch en 1951) afin de le faire adopter par lui-même ce comportement pour ne pas se sentir rejeté.

Ces deux personnalités vont aussi permettre d'utiliser ce que l'on appelle la théorie de la culpabilité (technique mise en évidence par O'Kiffe et Figge en 1997). Cette théorie affirme que lorsque l'individu se voit accusé légitimement ou se sent coupable d'un acte quelconque, il va tout faire pour supprimer ce sentiment de malaise alors généré et va donc se soumettre à la requête effectuée par l'émetteur (ici, le message de la vidéo et la requête de Kofi Annan). Les messages des personnalités de la vidéo vont donc faire culpabiliser pour faire changer le comportement des gens. On observe également que les images sont présentées de manière très rapides (pas de transition lente entre elles, que des coupures nettes). De ce fait, on ne laisse pas le temps au spectateur d'observer, d'analyser et d'utiliser son cortex cérébral (lieu de l'analyse et de la réflexion); seul le cerveau reptilien est ici sollicité.

On note également l'utilisation de la technique de l'engagement, « Pied dans la porte» ou « doigt dans l'engrenage » (mise en évidence par Freedman et Fraser en 1966 ). Ainsi, on va demander à une personne d'effectuer un acte peu coûteux (ici, visiter le site WEB de l'Association) pour ensuite conditionner son comportement et l'amener à poursuivre son engagement dans cette cause au travers d'actes de plus en plus importants.

Nous pouvons donc voir que cette vidéo dont le but est de convaincre les individus d'adhérer à la cause Time forclimate justice pour la lutte contre le réchauffement climatique est extrêmement bien construite et est chargée de très nombreuses techniques et figures psychologiques, symboliques et sémantiques. C'est donc une vidéo qui remplit pleinement son rôle de « stratégie d'opinion ».

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