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Elena Dalibot

Elena Dalibot

European Affairs, Cultural Cooperation

37 years old
Driving License
Rennes (35000) France
Unemployed Available
I have completed a Master's Degree in European Affairs at Sciences Po Paris and I worked several years for different NGOs and associations in the field of Human Rights, access to health and transnational cooperation. I am currently looking for a job in the following areas:

  • NGOs working in the fields of culture and solidarity in Europe (coordinator, project manager)

  • Associations or social enterprises working with local communities on access to rights and social link

  • Cultural departments in embassies, French Institute and French cultural center

  • Cultural institutions (exhibition centre, theatre, publishing house)

I have lived in France, England, Germany, Bulgaria and Romania, where I have learned Bulgarian and Romanian, so I would be particularly interested in a job related to Eastern Europe and the Balkans.

Feel free to contact me for more information.
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Pe drum - Sur la route pe-drum.blogspot.com
K77 fête ses 20 ans !
07 oct. 2012

Il est grand temps de remonter le temps – on rembobine de quelques mois, retour fin juin !


La maison K77 s’apprête à fêter ses 20 ans. Combien d’habitants y sont passés ? Des dizaines, des centaines ? Nous sommes en ce moment (je m’arrête pour compter) une trentaine, dont 10 enfants (bientôt 11 dans quelques semaines), héritiers de cette longue histoire qui j’espère a encore une belle vie devant soi.  


L’histoire ne commence pas il y a 20 ans pourtant, la maison étant l’un des plus vieux bâtiments du quartier, Prenzlauer Berg. En témoignent de jolies fleurs en métal dans les escaliers, ou encore l’atelier au fond de la troisième cour, ancienne écurie. Après avoir changé de nombreuses fois de mains (une histoire qui mériterait d’être approfondie - pour un post futur ?), cette maison à quelques centaines de mètres du mur, côté Berlin Est, fut abandonnée – avant / après la chute ? – jusqu’à l’arrivée en 1992 d’un groupe d’artistes décidés à lui donner une nouvelle vie.


Beaucoup de squats, de « Kommune » et de « Wohngemeinschaft » sont nés à Berlin à la même époque. Parenthèse: j'étais ce soir au "musée de la résistante de la jeunesse", une église à Friedrichshain (ex-Berlin Est) qui a accueilli le mouvement punk pendant la RDA, pour le concert de Bear Mountain Picnic Massacre - c'était une expérience de voir un groupe de rock dans une église, comme béni par une statue de Jésus sur l'autel derrière eux et surmonté par un immense orgue. Bref, une expo sur le lieu et le mouvement de résistance à la RDA (comme en Bulgarie à la fin de l'empire ottoman, l'Eglise jouait un rôle important dans la résistance, même si on n'associerait pas spontanément Eglise et punks...) montrait que plus d'une centaine de maisons avaient été occupées à Berlin Est après la chute du mur. 

Mais en 1992, de l’eau avait déjà coulé sous les ponts depuis novembre 1989 et ce n’était pas si simple d’entreprendre d’occuper une maison. Pour éviter l’expulsion par la police, les occupants organisèrent une performance artistique de longue durée, à savoir une opération chirurgicale de la maison par les artistes déguisés en chirurgien et prenant la forme d’une greffe d’un nouveau cœur. L’opération réussit, la maison a retrouvé une nouvelle jeunesse et son cœur bat toujours !

"Unser Haus", notre maison

Quelques années de luttes permirent aux habitants d’acquérir finalement un statut légal, en se formant en association, en achetant la maison en ruine pour un Deutsch Mark symbolique à son propriétaire et en louant le terrain à une autre association (d’après ce que j’en ai compris). La rénovation commença, impliquant un gros prêt à la banque, de nombreuses mains et beaucoup de bonne volonté. Deux des premiers occupants (et leurs filles qui ont toujours vécu à K77) vivent toujours ici et nous racontent parfois la vie à l’époque où il n’y avait pas d’électricité et chacun connaissait le nombre de marches entre chaque étage. Les choses ont bien changé depuis et la maison (en fait les maisons : il y en a trois, les unes derrière les autres, autour de trois cours) comporte tout le confort moderne, de l’eau et l’électricité à l’accès à Internet. Mais elle continue bien sûr d’évoluer : toutes les semaines se tient un « Plenum », une réunion où les habitants tous (ou autant que possible) discutent de toutes les questions liées à la vie de la maison, de la reconstruction du bain à l’arrivée d’une nouvelle personne, en passant par l’achat commun de nourriture ou, chaque année, le programme de la « Hoffest », ou fête de cour.


En attendant la fête...
Chaque année en juin, une fête ouverte à tous est organisée pour l’anniversaire de la maison. Tout le monde est impliqué, que ce soit pour la construction de la scène, la préparation de gâteaux, les cocktails (avec cette année un stand pour les enfants tenue par une des enfants de la maison), les spectacles et concerts…


Un far breton se cache entre le gâteau "Schtroumpf"  et  celui au citron jaune fluo...
Cette année apparemment, ce fut plutôt une petite fête : 300 personnes environ (et pas 700 comme il y a quelques années), seulement ! Je suis bluffée. Une scène fut construite dans la troisième cour, accueillant d’abord une troupe de théâtre de marionnettes, au bonheur des petits, mais pas seulement...


Une version moderne et en musique du Petit Chaperon Rouge
… puis plus tard de nombreux de concerts, du latino au rap en passant par l’opéra (si si), et mon premier concert avec les Krassnajas, une chorale déjantée de chants bulgares, macédoniens et russes !



Les anciens habitants rappent pour K77
Dommage que ce ne soit qu’une fois par an… Mais on organise une autre fête dans quelques semaines : je ne sais pas si le temps qui annonce la venue prochaine de l'hiver a inspiré ce choix, mais le thème de la soirée sera "Soviet" ! 


Berlin callin'
31 juil. 2012
Un mois déjà depuis ce premier post de retour - non pas que je veuille faire durer le suspense, mais les semaines volent, courent, nagent, comme vous voudrez.
Où suis-je ? Que fais-je ? Où erre-je ? Sans plus attendre, quelques nouvelles...


Après Balkans-Transit... voici Berlin Transit, où je suis depuis déjà quelques mois. C'est ça les transits, on ne sait jamais trop combien de temps ça va durer.

Tout commence à la Saint Patrick, une soirée originale cette année et assez peu (pas du tout) celte, dans un train entre Paris et Berlin, où je suis partie avec mes gros sacs pleins de bouts de vie d'un peu partout, de Bulgarie, de Roumanie et de Bretagne.

Je commençais un stage de six mois au secrétariat de Transparency International, un mouvement mondial luttant contre la corruption et pour la transparence - pas facile non plus de résumer en quelques mots. Décidément, six mois, c'est devenu mon unité temporelle on dirait, après Cluj, Paris, la Bretagne, et Berlin. A voir maintenant si je saurai ou pourrai rester !



J'ai été accueillie à bras ouverts par la merveilleuse Dounia, une amie d'amie, chez qui je suis restée deux semaines et qui, sans qu'on se soit jamais rencontré avant, m'a fait me sentir comme chez moi chez elle, à Kreuzberg. Et que, par hasard et par chance, je croise toujours régulièrement dans Berlin. Merci !


Commence une nouvelle aventure, à côté du stage : la recherche de coloc. En avant les recherches, emails, rendez-vous, sans succès. L'année universitaire commence en avril et tout le monde cherche en même temps. Berlin attire, les colocations sympas, bien situées et pas trop chères s'arrachent, d'où l'émergence de sortes de "castings" pour les nouveaux arrivants. Mais la patience a du bon... Je tombe un jour sur une annonce pour une coloc un peu particulière, avec une trentaine d'autres personnes. Une chambre est libre, certes pour trois mois seulement, mais l'idée me tente, quitte à devoir déménager plus tard. Dès l'arrivée dans le quartier, je sens que je vais me plaire ici. Le courant passe très bien avec Caro et Lori, qui m'accueillent. Je rencontre ensuite Carla. Elle vient du Pérou, me demande mon âge, et m'avertit : "J'avais le même âge que toi quand je suis arrivée ici. Tu vas voir, tu vas y rester 20 ans toi aussi !". L'endroit s'appelle K77, du nom de la rue (Kastanienallee, numéro 77), et a déjà 20 ans de vie en communauté dans sa longue et fascinante histoire. Visite guidée...

Bienvenue ! 


Cette petite maison, qui affiche ses couleurs ("Farben") sur l'allée des châtaigniers, est l'un des plus vieux bâtiments de Prenzlauer Berg, un quartier du centre / Nord de Berlin, anciennement dans Berlin Est.


Le petit ciné à l'entrée (Lichtblick Kino) ne compte pas plus d'une trentaine de places et passe des films toujours choisis avec soin, de Casablanca chaque samedi soir aux rétrospectives Truffaud ou Keaton, en passant par les petits films indépendants berlinois.


La cuisine, où tout le monde se croise et se rencontre. Chaque soir, un groupe de quatre personnes environ est chargé de cuisiner pour toute la maison. Les plats sont immenses. "On dirait les marmites des contes de fées", ai-je dit un jour à une autre habitante, qui a répondu nonchalamment : "Ou bien juste les plats de K77...". Le repas prêt, on sonne la trompette qui annonce le dîner. Inutile de dire que c'est chaque soir un délice, chacun cuisinant ses spécialités.


Après trois mois dans une première chambre, quittée quelques temps par une toute nouvelle maman le temps des premiers mois de son bébé, une autre chambre s'est libérée et m'a été proposée. La prédiction de Carla commencerait-elle à se réaliser ? Toujours est-il que je resterais bien si je peux...

Dans le prochain épisode (je n'oserai pas donner de date ^^), les 20 ans de la maison !
On the road again
30 juin 2012
Il y a presque jour pour jour un an que le blog est en suspens. Et ça me manque ! D'écrire à des lecteurs souvent inconnus, de savoir que mes photos ne finiront pas stockés parmi tant d'autres dans les labyrinthes de dossiers de mon disque dur externe, de prendre le temps de raconter des histoires...

Par où commencer ? Dans l'ordre chronologique peut-être : pas très original, mais peut-être que c'est comme ça que je fonctionne : l'un des premiers textes personnels que je me connaisse se voulait être un début de journal, mais a en fait plutôt la forme d'un emploi du temps précis à la minute de toutes les activités de la journée, du bol de céréales au coucher...

Si beaucoup de choses ont changé ces douze derniers mois (où je vis, ce que j'y fais...), une chose reste constante : je suis toujours plus ou moins "pe drum", sur la route (ou une tentative de justifier le titre du blog). Bref tour des dernières escales, avant d'arriver à Berlin et à cet endroit assez spécial d'où j'écris en ce moment.

CFR

Retour il y a à peu près un an : on partait avec deux très bons amis, Stéphane et Joanne, pour un voyage entre la Transylvanie (au son des tubes hippies des années 1970), la Bucovine et ses magnifiques chapelles peintes, et la Moldavie roumaine, à Iasi. Dernier crochet à Sofia, pour boucler la boucle avant de quitter Cluj.


Retour au pays, à Quimper, juste à temps pour le festival de Cornouaille, que je rate en fait normalement presque chaque année.


Pour quelques jours seulement... Départ chez nos voisins celtes, en Irlande. Sans rupture non plus : j'y retrouve Paddy et Lidiya, des amis de Bulgarie, et Alice, voyageuse autralienne et musicienne amoureuse de l'Irlande, qui a vécu à Cluj quelques mois.



L'étranger, mais sans l'être, comme un mélange entre les souvenirs d'Angleterre et la Bretagne. Cork, Dublin, Galway.




Glencolumkill : un village au bout du monde, qui correspond tant à ce qu'on imagine de l'Irlande qu'on se demanderait presque s'il n'a pas été inventé pour les touristes !... sauf qu'il n'y a pas de touristes. Les moutons ont la plus belle vue sur la mer, l'herbe est verdoyante, et les deux pubs sont pleins à craquer de musiciens. Mais je suis malade et ne peux pas vraiment en profiter - ce n'est que partie remise.

Un saut à Paris pour me requinquer (requinquer, ça vient de requin ?), et c'est parti pour Porto, avec Klervi.


Une semaine de rêve, de pause et de paix. Beaucoup de très belles couleurs, qui ont déteint sur notre moral, et notre physique (plus en coup de soleil qu'en bronzage peut-être).


Porto

Fête à Porto




De vieux jeux, un piano, une voiture et deux soeurs


Cette fois ça y est, un vrai retour en Bretagne : huit ans que je n'y ai plus habité plus d'un mois maximum. Après toutes les nouveautés des derniers mois, rien de tel que de retrouver des lieux si connus.

Stang Luzigou

Le retour, censé être un transit à nouveau (ce mot qui a vrai dire me suit depuis la Bulgarie - ah, Maspéro), se transforme doucement en une installation de quelques mois. Je redécouvre la région à la manière de ma découverte de l'Europe de l'Est, en partant par la langue, puis en rencontrant des amis, en voyageant dans le coin...


Quelques voyages encore quand même de temps en temps, notamment par le réseau Transeuropa : on se retrouve à Amsterdam, la ville des vélos et des canaux (où je ne manque pas de tomber), où je suis accueillie chez une Couchsurfeuse retraitée d'une grande hospitalité.


Puis un court retour en Roumanie, en passant par Paris (ci-dessous), pour un forum sur les Roms (du projet "People Power Participation"). Même si on est à Bucarest et pas à Cluj, j'aime bien cette sensation d'être un peu chez soi, que ce soit parce que j'y ai des souvenirs ou parce que certaines choses (comme la langue) m'ont manqué. Mais en revenant dans des endroits connus se pose souvent la question de si l'on y est bien toujours chez soi, si on va à nouveau être accepté. C'est un défi de revenir, on n'est jamais trop sûr de ce qu'on va retrouver.


Sauf pour Ergué-Gabéric je crois : il y a des lieux comme ça auxquels on peut faire confiance pour ne pas (trop) changer. Mais il manque quelqu'un, ou plutôt quelqu'une (bien qu'absolument pas quelconque, pas de méprise) à Ergué, qui est littéralement à l'autre bout du monde (l'autre Penn ar Bed comme dirait l'autre), j'ai nommé : Klervi, à Taïwan ! L'occasion pour toute la smala de partir - pour la première fois aussi loin après la Bulgarie - pour revoir notre soeur / fille / nièce.


Taipei me frappe par ses contrastes, entre ses grandes tours et néons, et  ses temples et cérémonies très anciens...






Un très beau voyage, j'espère que d'autres suivront...

2012 : pas beaucoup de certitudes sur où je passerai cette année. Toujours est-il qu'elle commence (après Taipei), en Bretagne. Je cherche un travail, et vivote en attendant, notamment en donnant des cours d'anglais.

Centre Finistère
Quelques petits voyages aussi de temps à autre, comme en Touraine, sur les traces des plus bons crus (il faut dire qu'on a un guide qui s'y connaît pas mal); une super BD d'ailleurs sur le vin: Les Ignorants


Et surtout pas mal de temps dans le Morbihan, du côté de Vannes et des alentours. 

Vannes




Jusqu'à il y a quelques mois... La suite bientôt !
Ensorcellements en Transylvanie
03 juil. 2011
Derniers jours du mois de juin à Cluj, les derniers jours d'Alice en Roumanie avant de repartir en Irlande : quelques jours de musique, de camping dans la campagne et de forêts hantées.

Quelques coups de pédales et nous voilà Alice, Marcel et moi dans la forêt de Făget, à quelques kilomètres de Cluj (photo : Alice)

Autour du feu. Alice (photo : Marcel)

(Photo : Marcel)

Marcel (photo : Alice)
Soirée de grillades d'aubergines et de toast sur le feu et de musique sous la presque pleine lune. 

Notre petite tente au milieu de la forêt.

Un air macédonien que nous aimons jouer : Makedonsko devoïtche. Une chanson irlandaise que m'a apprise Alice : The Butterfly.


Quelques jours plus tard a lieu une fête religio-païenne, la fête des Saintes Fées ou Sancta Diana / Sanziana. Le jour idéal pour passer une nuit dans la forêt hantée de Hoia Baciu (voir cette vidéo), où auraient lieu d'étranges phénomènes paranormaux et où des extraterrestres auraient été vus... Daniel, Diana, Tibi, Marcel, Alice et moi partons affronter les esprits de la forêt.

Daniel et moi (photo : Alice)

Marcel (photo : Alice)

Alice et Marcel m'assurent le lendemain matin que pendant un moment, j'ai été possédée par les fées, obsédée par le feu et ne voulant plus partir... :) Toujours est-il qu'on rentre bien vivants (même si un peu égratignés, couverts d'herbes et sentant le feu de bois) le lendemain à l'aube.

Puis vient la dernière soirée d'Alice à Cluj. Forcément, son séjour en Roumanie se termine en musique !  Session à Albinuta.

Andrea (photo : Alice)
Quelques chansons par Alice : Hurt, de Johnny Cash, et Come out you black and Tans, la chanson de l'IRA.

Alexei (photo : Alice)
Finalement, après être restés un jour de plus à Cluj (toujours aussi surprenante : un énorme concert gratuit avec les plus grands noms roumains et moldaves - dont Zdob și Zdub - a lieu sur la grande place, puis on chante et joue de la musique jusqu'au matin avec quelques amis), j'accompagne Alice, en route pour Bucarest, jusqu'à Alba Iulia... où l'on retrouve d'autres copains musiciens. Dans le train pour Bucarest, dernières chansons à la flûte et au violon (on répète les airs que Marcel de Beica nous a appris) avant que je descende à Brașov... Alice va nous manquer à Cluj.


Trois très belles journées à Brașov en compagnie de Moaca, que j'avais rencontré l'été dernier sur le bateau de Sfântu Gheorghe à Tulcea (auteur de ma dreadlock passagère).



Mais il faut bien reprendre la route : je suis à nouveau "pe drum", jusqu'à Sighișoara. 



Une poubelle colorée ? Imaginez-la en bleu-blanc-rouge... La même chose est arrivé à Cluj il y a quelques années : le maire d'alors (je ne connais pas son nom, Diana et Daniel l'appellent systématiquement "le maire fou") a décidé de peindre les bancs, les poubelles, les plaques d'égout, et tout ce qu'il y a de public aux couleurs de la Roumanie. Est-ce aussi à Sighișoara une manœuvre anti-Hongrois, malgré les inscriptions bilingues partout ?



Puis dernière vadrouille avant l'arrivée de Stéphane et Joanne demain et après-demain : un village près de Dej (au Nord de Cluj), où Cal nous a invité pour la soirée dans sa ferme. Ratatouille sur le feu de bois dans le jardin, țuica au miel (tous deux maison) et musique. Encore un endroit où il fait bon prendre le temps...
Chez Puio à Beica
25 juin 2011
Jean, un copain violoniste qu'Alice et moi avons rencontré pendant les "Zilele Clujului", nous avait parlé il y a quelques semaines d'un très bon musicien chez qui il allait régulièrement jouer et apprendre, Marcel. Il habite dans un village à côté de Reghin, Beica de Jos. Jean a quitté la Roumanie, mais Alice et moi partons quelques jours chez Marcel / "Puio" (prononcez [Pouyo]).


Arrivée à Reghin, LA ville du violon en Roumanie

Dans l'une des deux grandes fabriques de violons de Reghin

Arriver à Beica, à quelques kilomètres de Reghin, se révèle être plus difficile que faire la centaine de kilomètres de Cluj à Reghin. Mais on finit par être prises en stop par un des voisins de Marcel, qui nous arrête devant chez lui. Tout de suite, on est accueillies à bras ouvert. On pensait camper et repartir le lendemain, mais l'hospitalité de Marcel, de sa famille et du village est telle qu'on reste en fait trois jours à Beica (et encore, il faut s'arracher à cet endroit et à son charme, car on aurait bien pu rester quelques semaines)...

A Beica vivent en grande majorité des Roms, et quelques Roumains et Hongrois.

Une pièce où on a passé des heures ces quelques jours, entre les apprentissages de nouveaux airs avec Puio et les délicieux repas (les meilleurs que j'ai mangé en Roumanie) de sa femme. Voici quelques enregistrements (où j'accompagne les violonistes à la flûte) : Hopa, Făgăras, Țarine

Prises de force avant la chasse aux fraises sauvages (photo : Alice)


Promenade en caruța : malgré nos "hai Gusti hai !", Alice et moi n'avons aucun pouvoir sur le cheval...

Baignade dans un lac paradisiaque au milieu des champs

La division du travail : Sandel se dévoue pour tasser l'herbe dans la caruța.

Dans le bar du village, on rencontre Ramona et sa mère, Angela. On s'entend très bien et discute beaucoup. Elles acceptent toutes les deux que j'enregistre quelques chansons qu'elles nous chantent : O mie de araboaice, chanté par Ramona, et une doina (genre traditionnel roumain) par Angela.

Ramona et Alice

Angela nous invite chez elle, une petite maison décorée de tapis colorés, et chante.

Quelques jours "mishto" où nous avons été très "bahtalo"... Devlesa Beica !
IRAF - International Romani Art Festival
25 juin 2011
L'année dernière, en voyage en Roumanie avant de partir pour la Slovénie, la Croatie, la Bosnie, le Monténégro et la Serbie, la dernière étape du parcours m'a conduite à Timișoara, où par hasard se tenait en même temps le festival IRAF, International Romani Art Festival. Les Couchsurfeurs chez qui je restais, Victor et Andreea, m'avaient parlé d'un concert auquel ils voulaient qu'on aille. Mais en voyant l'affiche du festival, j'imaginais déjà ne pas les accompagner pour ne pas manquer ce festival... avant de comprendre qu'on parlait tous des mêmes concerts ! Balkan Beat Box, Dubioza Kolektiv, Mitsoura, Nadara Gypsy Band et beaucoup d'autres, des after-partys jusqu'au matin le long de la rivière, un public survolté (et surreprésenté en Bretons)...Ce festival est l'un des meilleurs auxquels j'ai été et je comptais vraiment y retourner cette année. J'ai d'ailleurs pris la photo du petit garçon sur le bandeau supérieur du blog pendant ce festival.

Et en fait, c'est le festival qui est venu de Timișoara à Cluj ! Un an plus tard, je suis de l'autre côté, celui des volontaires.

Volontaires au bureau d'Alternatives Européennes (nous sommes partenaires d'IRAF) quelques jours avant le début du festival

Emilia et Adi, les deux organisateurs du festival

Préparation artisanale de colle pour les affiches à partir d'eau et de farine
Comme on disait avec Alice, voici un nouveau chapitre : quatre jours intenses pendant lesquels tout gravite autour d'IRAF, beaucoup de rencontres, de musique, de danse, de jam sessions... J'ai eu beaucoup chance en tant que volontaire : mon rôle, "welcoming", consistait à aller chercher les artistes et invités à l'aéroport et à être leur premier contact. C'est plus un honneur qu'autre chose...

Cette année, les têtes d'affiches sont à nouveau Dubioza Kolektiv et Mitsoura (on ne s'en lasse pas), et les magnifiques Taraf de Haidouks, et d'autres groupes comme Nadara Gypsy Band, Chilli Family, Gypsy Hill, Danube's Banks, Rehab Nation, DJ No Sikiriki... Mais IRAF, c'est aussi un marché artisanal rom, un atelier de danse indienne, des projections de films, des activités pour les enfants, des spectacles de danse, du théâtre...

Au marché des artisans roms, un atelier de fabrication de bijoux

Scènes de théâtre basé sur des témoignages de Roms en prison

Concert de Dubioza Kolektiv

Gypsy Hill

Gypsy Hill

Taraf de Haidouks et la danseuse Atika Taoualit

Taraf de Haidouks

La rue Potaissa en extase

Les musicien du Taraf sont vraiment tous des personnages. Extrêmement connus non seulement en Roumanie mais dans le monde entier (ils ont joué dans Latcho Drom et comptent dans leurs fans notamment Johnny Depp), ils sont très simples et abordables.

A l'"Irish Pub", QG des after-partys, DJ No Sikiriki et Adi Voichitescu, aux couleurs du festival Balkan Trafik (Bruxelles, mi-avril)

Mitsoura (qui a aussi chanté dans un film de Tony Gatlif, Swing, à la fin de l'extrait, 7e minute) clôture le festival. Cette année encore, un grand moment de magie.


Et pour finir ce post qui est un peu vide sans son, voici quelques enregistrements pris pendant le festival : les Taraf de Haidouks, Ederlezi par Mitsoura, drum session et impros à l'Irish Pub...

Et voici la première vidéo de ce blog (merci à Alice) : une chanson traditionnelle roumaine, Canta cucu bata-l vina, par les volontaires d'IRAF à l'Irish pub.


Les Roms du Pata Rât
25 juin 2011
Les Roms sont entre 500 000 et 2,5 millions en Roumanie. C'est le pays d'Europe où ils sont le plus nombreux. Même s'ils sont représentés politiquement, notamment par le parti des Roms, ils vivent aux marges de la société, figurativement et littéralement. Cluj en est malheureusement l'exemple.


La plupart des Roms à Cluj vivent dans le quartier dit "Pata Rât" (2000 personnes), près de l'aéroport, à environ sept kilomètres de la ville. C'est là que les déchets de la ville sont stockés, dans des conditions ne répondant ni aux normes de sécurité, ni d'écologie. On peut dire qu'il y a trois groupes vivant à Pata Rât. Certains sont là depuis longtemps, survivant dans des conditions très difficiles ("vieux Pata Rât"). D'autres habitent rue Cantonului, où ils ont été expulsés au début des années 2000. Les derniers arrivants ont été expulsés de la rue Coastei dans le centre de Cluj et installés là en décembre 2010 ("nouveau Pata Rât").

"Vieux Pata Rât"

"Nouveau Pata Rât"

Rue Cantonului

Il y a environ dix ans, d'autres Roms ont été expulsés de Cluj et installés "temporairement" dans des baraquements près de la voie ferrée, rue Cantonului. Ils y sont toujours (environ 400 personnes). Les préfabriqués (construits par des organisations caritatives en accord avec la mairie) étant trop petits, d'autres maisons ont été construites, rendant l'ensemble des habitations semi-légales. Le 31 mai, les habitants de Cantonului ont reçu une notification de poursuites judiciaires de la compagnie de chemin de fer, CFR, propriétaire du terrain, pour cause d'"occupation abusive du territoire", demandant l'expulsion des habitants et la destruction des habitations. Le procès a été repoussé au 1e juillet, grâce à gLOC, groupement d'organisations de Cluj se battant pour la résolution à court, moyen et long terme du problème des conditions précaires et ségréguées de logement des familles Roms expulsés en décembre 2010 à Pata Rât (voir plus bas), dont Alternatives Européennes fait partie, par l'intermédiaire de Daniel, Diana et moi. Concernant la rue Cantonului, le problème est que beaucoup de familles vivent dans des conditions économiques très précaires, certains sont très malades ou ont des enfants en bas âge, et personne ne sait où ils seront expulsés, car il ne semble pas que des logements sociaux aient été construits. Je vous invite à signer la pétition de gLOC, pour "empêcher les expulsions forcées [théoriquement interdites par le droit international] et trouver des solutions immédiates aux conditions de logement des résidents de la rue Cantonului et favoriser leur inclusion sociale". Pour signer la pétition, cliquer sur Semneaza petitia!.  

Rue Cantonului. Une femme nous montre le contrat de son logement.
La situation du "nouveau Pata Rât" est un peu différente. Là, les expulsions ont déjà eu lieu vers Pata Rât, en décembre dernier. Les familles vivaient dans le centre de Cluj, rue Coastei, travaillaient ou allaient à l'école en ville. Le 16 décembre (-7 degrés Celsius à Cluj), les autorités locales ont ordonné leur expulsions le lendemain, bien que ces personnes aient eu des contrats et habitent légalement leurs maisons. 250 personnes ont été relogées dans des "logements sociaux" construits par la municipalité de Cluj près de la décharge et du dépôt de déchets chimiques (produits pharmaceutiques), de l'autre côté d'une ligne de chemin de fer qu'il faut traverser pour rejoindre l'arrêt de bus. Toutes les familles n'ont pas été relogées. Quant à celles qui ont pu avoir un toit,(dix maisons modulables ont été construites), le logement ne correspondait pas à ce qui leur avait été annoncé. Chaque "maison" est constitué de quatre chambre de 18 m2, d'une entrée et d'une salle de bain commune de 6 m2, ce qui revient pour le nombre d'habitants à 2,98 m2 de chambre et 0,24 m2 de salle de bain. Aucune intimité, la queue permanente pour se laver ou aller aux toilettes. L'isolation des murs et du plafond n'a pas fait long feu : l'eau et le froid s'infiltre facilement à l'intérieur. La majorité des enfants sont tombés malades.

Chaque famille vit dans une chambre de 18 m2.
La pluie s'infiltre dans la maison par le plafond.

Une salle de bain partagée par 40 personnes

Pourquoi les expulsions du 17 décembre ? Il semble que le terrain aurait été prévu pour la construction de bâtiments pour la firme Nokia. Mais le projet ne s'est pas réalisé et le terrain a été donné (et non vendu) à l'Eglise orthodoxe, qui souhaite y construire un centre de théologie. 

Plan du campus théologique à l'emplacement des anciennes habitations des Roms expulsés à Pata Rât
En mai dernier, des représentants de l'Eglise se sont réunis pour une messe avant la construction du centre. Nous étions présents avec les Roms du Pata Rât et les membres de gLOC pour manifester contre cette situation.

"Avant Noël, les maisons de 57 familles ont été démolies"

Sur 40 chambres, 22 dans lesquelles vivent entre 5 et 10 personnes, 8 entre 10 et 15 personnes, 10 plus de 15 personnes


"Nous avons été chassés d'ici pour un environnement toxique"



La tension était palpable. Les policiers nous ont interdit d'être réunis sur le terrain. Finalement, on a pu négocier et rester, à la condition d'être silencieux. Les hommes d'Eglise nous tournaient le dos et nous ignoraient complètement. Le comble était d'entendre le pope parler du besoin d'entraide, de solidarité, qui justifiait selon lui la création du centre théologique. Pour lequel ont été expulsés plus de 200 familles. Mais c'est vrai que ce sont des Roms, il semble que ça compte moins. Voici en lien l'article écrit par Diana sur les expulsions de la rue Coastei.

Indifférents à la manifestation silencieuse derrière eux
D'autres slogans présentés en silence derrière les popes : "Des maisons pour les Roms, pas pour Dieu". "J'ai vécu ici 20 ans en location". "On nous a volé notre chance de nous intégrer". "Sommes-nous des hommes ?!". "J'allais à l'école, maintenant à la décharge". "Honte honte". "Et à nous qui nous donne gratuitement un terrain pour nous construire des maisons ?" (le terrain a été donné à l'Eglise).

Beaucoup de ceux qui travaillaient ont perdu leurs emplois, faute de transport. Pour les enfants, aller à l'école est devenu difficile, car ils sont complètement excentrés. Les effets de la proximité de la décharge sur la santé des habitants sont en cours de test. Les Roms vivent contre leur volonté de façon ségrégués. Ils sont loin de tout. Certains jeunes que nous avons rencontré n'osent pas dire qu'ils vivent à Pata Rât. Comment peut-on parler d'intégration et de vivre-ensemble sans être complètement hypocrites, quand les Roms sont chassés, hors de la vue, aux marges de la ville ?



Heureusement, tout le monde n'est pas abattu. Une "école" officieuse a été mise en place par un couple de Hollandais (Fondation Pro Roma) travaillant avec les Roms du Pata Rât depuis des années :


GLOC a organisé en juin une grande conférence (dont voici le rapport en anglais), pour laquelle de nombreux représentants de diverses institutions locales, nationales et internationales se sont rendus sur place et ont rencontré les Roms du Pata Rât. Cela me semble être très important, car la plupart des gens à Cluj ne sont jamais passés par là et l'idée que les Roms souhaitent en fait vivre dans ces conditions est monnaie courante... pour ceux qui n'ont jamais parler avec eux (certains répondront aussi que les Roms exagèrent et nous manipulent... Mais je crois qu'il suffit de voir leurs conditions de vie pour comprendre qu'ils ne peuvent pas souhaiter pour leurs enfants comme pour eux-même de continuer comme ça).

A la conférence organisé par gLOC au Pata Rât
Enfin, et c'est sûrement ce qui compte le plus, les Roms s'organisent. Les habitants du "nouveau Pata Rât" ont formé un comité représentant l'ensemble des résidents, qui essaie de parler de cette situation et de reloger les familles plus près du centre et dans de meilleures conditions.


C'est dans ce contexte qu'a eu lieu le festival IRAF, International Romani Art Festival. Même si nous aurions aimé pouvoir plus parler de la situation du Pata Rât et plus engager le festival vis-à-vis des événements à Cluj, je suis contente déjà que des représentants de gLOC aient pu parler sur scène le dernier soir, devant un public très nombreux, avant le concert de Mitsoura (plus sur IRAF dans le prochain post).

Eniko et Adi parlent du Pata Rât sur la scène du festival IRAF


Cluj bouge
19 juin 2011
J'ai commencé à écrire ce post (en y sélectionnant des photos) presque depuis mon arrivée à Cluj. Mais je crois que si je ne le publie pas maintenant, je pourrais continuer à le compléter jusqu'à la toute fin de mon séjour ici, exactement dans un mois et un jour. 

Qu'est-ce qui se passe à Cluj ? Plein de choses, tout le temps. Depuis le festival Transeuropa à la mi-mai, il n'y a pas eu trois jours sans festival : d'abord, les "jours de Cluj", des concerts et évenements partout dans la ville. Puis l'événement de l'année attendu par tous : le festival de films TIFF, Transylvania International Film Festival. Ensuite, le festival de la glace (pourquoi pas ?). Et en ce moment, IRAF, International Romani Art Festival, pour lequel je suis volontaire, et que j'ai attendu avec impatience depuis l'édition de l'année dernière à Timișoara. 

La ville "bouge" aussi pour protester ou s'engager sur différentes causes, peut-être en moins grand nombre que pour les concerts, mais avec sûrement autant d'enthousiasme et d'énergie.

En voici un aperçu incomplet des rassemblements qui agitent et font vivre Cluj.

16 mars : je viens tout juste d'arriver à Cluj et Daniel et Diana m'embarquent dans une manif contre la fermeture d'un parc public, que la mairie a pour projet de vendre à une équipe de foot pour en faire un terrain d'entraînement.

Un vieux monsieur refuse la fermeture du parc, franchit la grille puis marche nonchalamment, acclamé par les manifestants.

11 avril : aujourd'hui, la place Unirii est prise d'assaut par les opposants au projet d'"euthanasie des chiens". Les chiens errants sont très nombreux en Roumanie comme en Bulgarie et les hommes et femmes politiques proposent régulièrement de régler ce problème. N'empêche que le concept d'euthanasie ne me semble pas très approprié pour des chiens : je serais étonnée qu'un animal accepte de mourir, et je me demande dans quel langage il l'exprimerait... Autant dire clairement tuer les chiens, pas les euthanasier.


Atelier "Visualiser le transnationalisme", un projet de cartographie dans le cadre du festival Transeuropa organisé avec Gender Art Net. Vous pouvez voir la carte finale et trouver plus d'informations sur le projet ici.

Au hasard d'une promenade, je tombe sur un spectacle de danse traditionnelle à la "maison de la culture des étudiants"


Mouvement de solidarité à Cluj avec #spanishrevolution. "Nos rêves ne rentrent pas dans les urnes"

"Nous ne sommes pas des marchandises dans les mains des politiciens et des banquiers"

Exposition dans l'un des lieux les plus intéressants de la ville : Fabrica de Pensule, une ancienne usine de brosses de peinture transformée il y a deux ans en un centre d'art contemporain.

Expositions de photos, de peintures, projection de vidéos, sculptures... Sur du vrai gazon, les gens s'arrêtent pour pique-niquer, on partage des chips et du poulet au milieu de la salle.

Une grande pièce de la Fabrica de Pensule est désormais un atelier de design de mode.

"Shamrock" : un Roumain, un Français, un Anglais et une Australienne jouent ensemble pour un concert de musique irlandaise. Quelques jours de soirées de sessions avec, notamment, Jean et Alice, où l'on rencontre Raul le fou de danse, où l'on réinterprète les Venga Boys, où l'on vit entre la place Muzeului, "Insomnia",  "Galeria" et "Bulgakov".


Daniel et Diana, au stand d'Alternatives Européennes pour la "ONG Fest" de Cluj


A "Flowers". La vie à Cluj semble s'écouler en chapitres, auxquels correspondent certains lieux, certaines personnes, certaines activités. 

Après le chapitre musique, le chapitre films, avec le festival TIFF

Mihai Viteazul... et Tom Hanks

Anca de Bucarest...

... et Hieke d'Amsterdam, deux Couchsurfers que j'ai accueillies pour la fin du festival de film TIFF. Grâce à Alice et à Summer, une amie d'Hieke, on s'est infiltré dans toutes les soirées du festival : ambiance petits fours, belles robes et réalisateurs du monde entier ! Soirées où j'ai d'ailleurs revu par hasard une copine qui était en cours d'allemand avec moi à Paris de septembre à décembre. Comme dit Paddy, ce n'est pas que le monde est petit, c'est que nos relations dans le monde grandissent ! Mais je préfère quand même aux soirées VIP du TIFF les soirées AlternaTIFF à Boyler, où on a notamment été voir un concert de Omul cu șobolani (= l'homme avec des rats).

Lucian Pintile, l'un des plus grands réalisateurs roumains, auquel une rétrospective était consacrée pendant le festival TIFF. L'après-midi d'un tortionnaire nous a mis mal à l'aise et a posé des questions intéressantes sur la repentance, la culpabilité, l'aveu. Le festival a vraiment été à la hauteur de sa réputation. Chaque jour, on allait voir au moins un film ou deux et la ville ne semblait vivre que pour le festival. Sur la grande place Unirii, chaque soir et même sous la pluie, des centaines de personnes se rassemblaient devant le grand écran gonflable installé là.


Après Pâques, la Pentecôte : à nouveau, défilés dans la ville.

Ces trois soeurs regardent le défilé... à travers ce kiosque. Interdites de sortie ?

Si les manifs avaient autant de succès que l'Eglise, piața Unirii deviendrait peut-être la nouvelle place de la Puerta del Sol de la Roumanie...
Il se passe beaucoup d'autres événements à Cluj, sur le plan culturel comme politique. Je pense notamment aux Roms du Pata Rât, expulsés près de la décharge et vivant dans des conditions indignes, aux mouvements de soutien, et au festival IRAF qui a lieu en ce moment, mais cela mérite plus de quelques lignes : les articles bientôt.
Périple bulgare dans le Karandila
07 juin 2011
De retour du Maramureș, les quelques semaines avant la fin de mon stage à Alternatives Européennes ont été consacrées à la préparation d'un événement du projet "Power People Participation", pour lequel j'étais allé à Stara Zagora en mars. Ce projet est une série de consultations citoyennes sur différents thèmes. Des consultations ont lieu dans trois pays européens, où les mêmes questions sont discutées, puis des participants des trois villes se retrouvent pour un forum final. Les problèmes identifiés et les propositions d'action seront présentées à la fin de l'année aux autorités nationales et européennes. Après la liberté de la presse à Stara Zagora, le thème de discussion à Sliven est celui du droit des Roms. La seconde discussion aura lieu en France, à Douai, et la troisième en Espagne, à Séville, puis le forum final se tiendra à Bucarest à la fin de l'année.

Pour ce projet, Daniel et moi partons quelques jours en Bulgarie, à Sliven. Quelques jours forts en émotions, où on a bien cru ne jamais pouvoir arriver, puis revenir surtout.


Jusqu'à la frontière entre la Roumanie et la Bulgarie, RAS. Nous avons voyagé en train jusqu'à Bucarest toute la nuit, puis pris un autre train pour Rusé, première ville bulgare de l'autre côté du Danube. C'est là que les ennuis commencent. Le bus direct pour Sliven censé partir dans l'après-midi semble ne pas exister, malgré ce que prétendait le site internet que j'ai jusqu'ici toujours utilisé. Au départ, je n'y crois pas, mais tout le monde nous répète la même chose : il n'y a qu'un bus qui part le matin. Or, nous devons être à Sliven le lendemain matin, c'est même le but du voyage. Même en allant dans une autre ville, comme Veliko Turnovo, pas moyen de rejoindre Sliven. Lueur d'espoir en appelant Maya, le contact avec qui j'ai travaillé sur la consultation citoyenne de Sliven : il y a bien un bus. Seulement... de Sofia, où elle croyait que nous étions arrivés.  Mais de toute façon on ne peut pas être à Sofia à temps, et ça signifierait faire plusieurs centaines de kilomètres à l'Ouest pour les refaire ensuite vers l'Est... Après quelques allers-retours entre la gare routière et la gare ferroviaire, on comprend qu'on a seulement le choix entre prendre un bus pour Veliko Turnovo, pour se rapprocher mais sans être sûrs de pouvoir aller à Sliven, ou prendre un train à 21h30, changer à 23h43, prendre ensuite un bus à 1h45, un train à 2h19 et arriver à 3h23 (ce n'est pas une blague). 

On décide de partir pour Veliko Turnovo, où on arrive dans une gare secondaire déserte. Atanas (qui a aussi co-organisé l'événement à Sliven) vient de Sliven avec son oncle pour nous chercher. Cette fois, tout semble réglé. Mais sur la route pour Sliven, alors qu'on traverse la montagne du Balkan (Stara Planina), on est arrêté par un accident qui bloque toute circulation dans les deux sens. L'occasion de profiter du paysage ; il ne manque que la chanson "Hubava si moia goro" ("Tu es belle ma forêt", presque un hymne national en Bulgarie).

Finalement, on arrive à Sliven dans la soirée, et pas au beau milieu de la nuit. Le lendemain a lieu la consultation citoyenne. Les tables sont divisées selon différentes questions, liées aux problèmes rencontrés par les Roms en matière d'éducation, de logement, de justice, de santé et d'emploi.




Sliven est l'une des villes bulgares où vivent le plus grand nombre de Roms. J'avais eu l'occasion de voir un documentaire sur le quartier de "Nadejda" ("Espoir") où ils habitent majoritairement, dans des conditions très mauvaises : La Cité des Roms, de Frédéric Castaignède, qui décrit notamment les manœuvres électorales autour des habitants de Nadejda à l'approche des élections et le programme de déségrégation dans les écoles, grâce auquel des enfants roms étudient avec des enfants bulgares non roms. C'est l'un des quartiers ("mahala") les plus pauvres du pays.



Les conclusions de la rencontre seront bientôt disponibles en anglais.

Angel Tichaliev, chef des Karandila Junior
Nous avons invité les "Karandila Junior", que je retrouve après les avoir vu deux fois au Balkan Youth Festival et à Sofia. Des nouvelles recrues sont arrivées, mais globalement ce sont les mêmes jeunes, un peu plus grands. Ce projet d'orchestre est né de l'initiative d'Angel Tichaliev, qui jouait dans le très connu Karandila Gypsy Brass Orchestra (photo ci-dessous, à gauche).


Il a monté l'orchestre avec de jeunes musiciens de "Nadejda". Certains ont seulement une dizaine d'années, mais ils sont tous très bons. Après l'école, ils répètent chaque jour. Ce travail a porté ces fruits et le groupe commence à se faire un nom. Ils ont eu l'occasion de voyager plusieurs fois à l'étranger, mais ne sont pas encore venus en France : si vous entendez parler d'une possibilité de concert, je serais heureuse de vous mettre en contact !


Après la consultation citoyenne, très intéressante, Atanas et son oncle nous emmènent à Nadejda, pour voir ce dont on a parlé quelques heures. Le quartier est séparé du reste de la ville par la ligne de chemin de fer... et par un mur. J'avais déjà été à Fakulteta à Sofia et au Pata Rât à Cluj (sur lequel j'écrirai bientôt), mais je n'avais jamais vu un quartier comme Nadejda, où les Roms vivent ségrégués dans une grande pauvreté. On est accompagné de quelques participants de la consultation du matin, dont un pasteur de l'église protestante, qui sert aussi de complément à l'école car beaucoup sont analphabètes.

Le lendemain, Daniel et moi avons décidé de rester en Bulgarie et de ne pas enchaîner tout de suite sur 24 heures de voyage jusqu'à Cluj. Atanas et Maya nous emmènent dans la montagne du Karandila (de laquelle les deux orchestres, Karandila Gypsy Brass Orchestra et Karandila Jr tirent leurs noms). Il fait très chaud et beau... presque lourd. Après quelques kilomètres en voiture, on arrive au télésiège. Mais on est à peine monté dedans que le ciel se couvre. Pendant quelques minutes, on a le temps d'admirer le paysage. Puis il commence à pleuvoir, quelques gouttes, puis des cordes. Éclairs, tonnerre. Le télésiège s'arrête, reprend, s'arrête à nouveau : on apprend ensuite que l'orage a stoppé l'électricité et qu'on est remonté sur la batterie de sécurité. On est donc suspendu en plein air, au milieu d'un orage digne des moussons tropicales : écoutez le son que j'ai enregistré.

Daniel et moi, en haut du Karandila

En haut, on est une dizaine de personnes dans un petit refuge, tous plus trempés les uns que les autres. Finalement, on se réfugie dans le premier hôtel restaurant que l'on trouve et on passe l'après-midi à boire des soupes, cafés et chocolats pour se réchauffer. Comme le télésiège a arrêté de fonctionner, on est coincé dans la montagne, jusqu'à ce qu'un ami de Maya vienne nous chercher en voiture : on n'a rarement autant apprécié le chauffage !

La question de comment rejoindre Sliven et Rusé se pose aussi au retour. Comme il n'y a presque aucune liaison, Daniel et moi partons pour Stara Zagora, pour revoir des amis. L'occasion de passer une très bonne soirée.

Le lendemain, notre train est censé partir vers 8h, pour arriver à Rusé à 16h, puis à Bucarest à 19h, juste avant le train de nuit qui part à 19h30 pour arriver à Cluj le lendemain matin. Beaucoup d'horaires, qui nous en rendu fous toute une journée. D'abord, le train a 30 minutes de retard, puis 40. On prend nos billets et on boit tranquillement un café en attendant. Mais lorsqu'on arrive sur le quai, il est complètement vide. Je vais vérifier qu'on est bien sur la bonne plate-forme : on vient de rater le train. Le seul arrivant à temps à Rusé. Commencent dix heures de course contre la montre. Allers-retours entre la gare routière et la gare ferroviaire de Stara Zagora : même en allant dans une autre ville, aucun bus n'arrive à temps, parfois à un quart d'heure près. Il y a des travaux sur la voie et le train qu'on aurait du prendre fait un long détour. Même en taxi, on ne peut pas le rejoindre. Tout le personnel de la gare nous connaît désormais et on essaie ensemble de voir comment on peut arriver au plus vite à Rusé.

Finalement, on prend le train suivant, qui part vers 10h30, sûrs de dormir soit à Rusé, soit à Bucarest, et de rater le train pour Cluj. Moi qui disais à Daniel qu'une fois dans le train, au moins on ne stresserait plus à se demander ce qu'il faut faire... Au bout d'à peine une heure, on doit descendre à Dubovo, pour prendre un bus pendant une trentaine de minutes à travers la montagne (magnifiques paysages) jusqu'à Radoushti, où un autre train nous attend. On voyage ensuite jusqu'à Gorna Oriahovitsa, une petite ville près de Veliko Turnovo, carrefour des voies ferrées. Là, on a plus d'une demi-heure d'attente : l'occasion de rattraper notre retard en partant en bus ? Non, il n'y a pas de bus pour Rusé. Tout d'un coup Daniel s'aperçoit sur le panneau d'affichage qu'il y a un train de Sofia à Bucarest qui a 3h de retard et n'est pas encore passé à Gorna Oriahovitsa ! La chance aurait changé de camp ? Dilemne : partir pour Rusé avec le train de 14h45 ou attendre celui qui a du retard et qui va à Bucarest ? On prend le premier train pour Rusé, en espérant qu'il ne soit pas plus lent que celui pour Bucarest et qu'il ne se fasse pas dépasser. A chaque étape du voyage, on se demande bien ce qui pourrait encore arriver. Ah, un accident par exemple. Et oui : un camion a manqué un tournant et a pris le fossé... abîmant au passage les lignes électriques du chemin de fer et nous forçant à attendre quelques temps les réparations. Décidément, on n'y croit plus, sans doute que même arriver jusqu'à Bucarest sera difficile. Cluj, on n'y pense même plus.

17h25 : Rusé. Le train de 16h est parti depuis longtemps, mais on a encore un espoir grâce au train de Sofia qui avait du retard. Je cours à la caisse des billets internationaux, qui ferme à 17h30. La vendeuse a déjà fermé sa caisse, mais accepte de la rouvrir. Cependant, elle nous prévient que le train en provenance de Sofia "n'arrivera peut-être pas". Il a déjà 3h de retard et ce n'est pas sûr qu'il puisse rejoindre Rusé (à cause des problèmes dus à l'accident de camion ?). Il y a bien les chauffeurs de taxi qui nous tournent autour... L'un d'entre eux nous garantit pouvoir être à Bucarest en moins d'une heure et demi, et pour pas trop cher. Ce qui nous ferait arriver juste à temps pour le train pour Cluj... On tente le coup : c'est toujours mieux que de rester dormir à Rusé et d'être coincés un jour de plus dans les transports. L'heure et demi qui passe est digne d'un film d'action : contrôle de passeports à la frontière, embouteillage à Bucarest, est-ce qu'on va arriver à temps ? Et finalement : OUI !


Après des heures de suspense, on arrive enfin dans le train de 19h30 partant pour Cluj. Bien qu'on ait plus ri que paniqué de toutes ces péripéties dans les transports bulgares et que le reste du weekend ait été très réussi, on est heureux comme jamais (ou peut-être en ce qui me concerne autant qu'après mes mésaventures londoniennes) de retrouver la Roumanie, et Cluj.

Lever de soleil sur la Transylvanie
Voyage dans le Maramureș
27 mai 2011
Après les dix jours intenses du festival Transeuropa (et les semaines qui l'ont précédé), des vacances s'imposent. Départ pour la région du Maramureș, au Nord de la Roumanie. Quelques cartes :

La Roumanie

Le Maramureș


Voyage de Baia Mare à Satu Mare, puis Sighetu Marmației, retour sur mes pas à Săpânța, direction l'Est pour Vișeu de Sus en passant par Bârsana, excursions dans les montagnes du Maramureș avec le train vapeur Mocanița, fin du voyage dans le village de Șieu (pour prononcer les noms de ses villes, ș = [ch], ț = [ts], ă = [eu], â = son inexistant en français, ressemblant plus ou moins à [eu])

Le voyage commence en train. C'est étrange d'être à la gare de Cluj-Napoca avec mon gros sac à dos. J'ai l'allure d'une touriste qui débarque, et pourtant je vis ici. Je me souviens très clairement ma toute première arrivée dans cette gare, l'errance des premières minutes, le temps de trouver ses marques, le soulagement de trouver un conciergerie où laisser mon sac, la longue rue Horea menant au centre-ville, très tôt un matin ensoleillé de juillet... Départ du train : ce voyage à "l'inconnu" me rappelle la Bulgarie. Ca m'avait manqué. Après coup, il semble naturel que telle ville suive telle autre, mais durant tout le voyage, rien n'est vraiment prévu : je décide chaque jour du suivant.

Première étape : Baia Mare, "la grande mine", la capitale du Maramureș. Robert, un Couchsurfer, m'accueille à la gare. Dîner international : soupe roumaine, far breton, chicha arabe. Le passage à Baia Mare sera assez court, juste un jour, car j'aimerais plus voir la campagne du Maramureș que ses villes. Baia Mare est un petite ville assez charmante, dans laquelle je me promène une journée. Je me retrouve notamment dans le musée des montres (l'un des plus grands de Roumanie, me dit l'employée) puis dans le musée du village, où d'originales maisons traditionnelles de toute la région ont été déplacées. Pas de photos : j'ai oublié ma carte SD à Cluj - j'en achète une seulement le soir. Merci Robert pour l'accueil !



Retour à la gare de Baia Mare, cette fois pour prendre un microbus pour Satu Mare. Une jeune femme Rom mendie avec son enfant dans les bras ; le chauffeur du microbus menace de l'asperger de spray chimique : la scène paraît banale. J'essaie de prendre quelques notes pendant le trajet, mais les routes cahoteuses m'en empêchent : peu importe, le paysage est beau.

A la gare de Satu Mare, je retrouve Kinga et son père, Couchsurfers hongrois de Roumanie. Nous sommes à quelques kilomètres de la frontière avec la Hongrie et à une trentaine de kilomètres de l'Ukraine.
Tout de suite, Kinga et moi nous entendons très bien. Elle revient de Dublin et de Gibraltar, où elle a vécu plusieurs mois. Promenade dans la ville.

Mis à part quelques bâtiments communistes ça et là, l'architecture de la ville est intéressante. Beaucoup de maisons mériteraient d'être rénovées, mais leurs couleurs délavées par le temps leur donnent un certain charme. On dirait qu'elles gardent précieusement leurs sculptures ou mosaïques pour les passants curieux méritants, qui prennent le temps de les chercher.

La belle lumière du soir



La tour des pompiers (construite pour observer les menaces de début d'incendies)

Une ville - et un ciel - colorée
Discussions jusqu'à tard le soir. C'est étonnant comme il y a des gens avec qui on peut parler pendant des heures, de tout et de rien : c'est une question de longueurs d'ondes (j'aime bien cette expression : comme à la radio, soit on communique quelque chose, soit on n'entend rien). Il y a longtemps que j'avais envie de partir en Irlande, d'autant plus ces dernières années à cause de Paddy (qui était volontaire en Bulgarie) et d'Alice (avec qui je joue souvent de la musique irlandaise à Cluj, elle au violon et moi au "tin whistle"). Les photos de Kinga ont achevé de me convaincre.

Les graffitis ne sont pas une invention si récente...

Kinga en haut de la tour des pompiers




Dans le parc de Satu Mare

Prochaine étape : Sighetu Marmației
Dans le bus entre Satu Mare et Sighetu Marmației (que tout le monde appelle "Sighet"), mon portable se laisse tromper : "Bun venit in Ucraina !", bienvenue en Ukraine, prix de l'appel local : 1.49, SMS 0.36. Mais je ne fais en fait que longer la frontière. Le pays d'Olga... pas pour cette fois.

A Sighet, je suis accueillie chez Tünde et Christian, un couple de Couchsurfers très sympathique. Les jeunes mariés vivent dans un petite maison dans cette ville assez calme. Le soleil se couche à peine, j'en profite pour faire un tour dans la ville, et voir notamment la maison d'Elie Wiesel, sur laquelle une plaque lui rend hommage. Né ici, c'est aussi de cette maison qu'il a été déporté pour Auschwitz.


 De Sighet, je pars le lendemain pour Săpânța et son fameux "cimetière joyeux". En fait c'est un peu la suite du voyage dans les Balkans de l'été dernier, car je retrouve le voyage de Michael Palin en Europe de l'Est. Pour tracer le trajet de ce voyage dans les Balkans, j'avais acheté une grande carte, sur laquelle j'avais inscrit les lieux dans lesquels Nicolas Bouvier (L'Usage du Monde), François Maspéro (Balkans-Transit), Michael Palin (Nouvelle Europe) et Claudio Magris (Danube) étaient passés, non pas pour revivre leurs voyages, mais pour pouvoir lire leurs impressions ou réflexions sur place. J'avais justement lu le passage de Nouvelle Europe dans lequel Michael Palin raconte son passage à Săpânța, en vidéo ici

Je tente le stop en carriole, sans succès...


Le joyeux cimetière de Săpânța est l'attraction de la région, grâce à ses tombes colorées qui racontent avec beaucoup d'humour, et en rimes, l'histoire de la vie ou de la mort des personnes enterrées.

Comment meurt-on parfois dans le Maramureș (pour l'image en haut au centre, appel à vos interprétations !)

Métiers et occupations (il y a même un hautboïste)

Ces tombes sont l'œuvre d'un poète et sculpteur du village, Stan Ioan Patraş. Il a créé plus de 700 croix entre les années 1930 et sa mort, en 1977, qu'il avait préparé en sculptant lui-même la tombe où il serait enterré. Depuis et jusqu'à nos jours, son disciple, Dumitru Pop, poursuit la tradition de Săpânța.
  
Stan Ioan Patraş
Voici quelques autres images : 

Ici je me repose / Holdis Ion je me nomme / Combien j'ai vécu dans le monde / Le parti je l'ai aimé... (de toute façon à l'époque, ça aurait été dangereux d'écrire ne pas l'avoir aimé...)

Ici je me repose / Ion Lu Grigore Tomi je me nomme / J'ai travaillé dur à la mine / Et j'ai gagné beaucoup d'argent / Deux enfants j'ai eu...

Église de bois traditionnelle du Maramureș

 De retour à Sighet, visite du "Musée de la Pensée Arrêtée". De 1947 à 1974, de nombreux prisonniers politiques hostiles au régime ont été emprisonnés et torturés dans ces murs. La prison, l'une des plus importantes du pays, a été transformée en musée en 1989. Chaque cellule est consacré à un thème lié à la résistance au totalitarisme et à la répression, non seulement en Roumanie mais dans toute l'Europe de l'Est et centrale. Certaines cellules ont été gardées en état (cellules de prisonniers, salle de torture). Le musée est extrêmement bien fait, on y passe facilement des heures. Il me marque beaucoup.

Trois jeunes filles d'un groupe de danse traditionnelle visitent le musée.

Après Sighet, j'ai prévu de dormir à Bârsana, dans un monastère dans la montagne. Mais il n'accueille que les groupes de visiteurs, je continue la route.

Au monastère de Bârsana

On peut dire d'un monastère que c'est paradisiaque ?


Finalement, c'est dans une pension de Vișeu de Sus (ou "Vișeu d'en haut") que je passe la nuit. L'occasion de faire la connaissance de Julie et Nicolas, deux Français accros à la Roumanie. Echanges de contacts et de bonnes idées de festivals : Welcome In Tziganie à Auch, Maramuzical à Botiza, festival de musique traditionnelle à Șieu...


A Vișeu de Sus, l'un des derniers trains forestiers à vapeur fonctionne encore : la Mocanița. Il suit le fleuve et se perd dans la montagne. Après quelques kilomètres, il n'y a plus aucune habitation, seuls des ours, des loups, et des bûcherons (j'aurais bien fait une blague sur Michael Palin, mais il a déjà dit "no comment" ;)), travaillant dans des conditions climatiques très dures en hiver et accompagnés par les touristes en été. Le paysage est magnifique.



De Vișeu de Sus, où la Mocanița nous ramènent après quelques heures de promenade, je pars ensuite sous une chaleur terrible pour le village de Șieu. Il n'est pas sur ma carte de Roumanie et je l'ajoute à la main à partir d'une carte de la région trouvée à Bogdan Voda. En chemin, rencontre avec un groupe d'Allemands d'un club artistique en voyage quelques jours en Roumanie. Ils semblent aussi intrigués de ma présence dans ce village que le sont les Roumains et me posent pleins de questions. C'est peut-être aussi l'effet groupe qui donne tant d'intérêt à quelqu'un d'extérieur et de nouveau.

Les trous dans la route, parfois plus profonds que sur la photo, obligent les chauffeurs à rouler parfois alternativement des deux côtés de la chaussée.

A Șieu, la première mission est de trouver où dormir, pour me décharger du sac à dos. Le village est construit autour d'une longue rue, le long de laquelle les "vieux et vieilles" du village sont assis sur des bancs (les leurs : ils les sortent la journée et les rentrent le soir) et discutent ou regardent les passants.


Ils ne manquent bien sûr pas de me demander ce que je cherche, qui je suis, d'où je viens, et toutes les questions qui suivent (où j'habite en Roumanie, ce que je fais à Cluj, si je suis mariée, où vit ma famille, ce que je pense du Maramureș, combien de temps je reste à Șieu, etc.). Le temps de chercher, je fais quelques allers-retours dans cette même rue et finit par m'arrêter auprès de Marișca et de ses amies. Elle me propose de rester dormir chez elle. Marișca est une vieille femme adorable. Elle vit avec son mari et sa belle-sœur, cultive un petit jardin et élève des poules, ce qui permet de s'en sortir avec une maigre retraite. La maison est décorée de tissus aux motifs traditionnels du Maramureș qu'elle a elle-même tissés.

Scène d'interculturalité gastronomique. Marișca et sa belle-sœur posent devant le far breton que je leur ai cuisiné, puis on mange roumain : soupe au chou, sarmale et lait d'agneau (très épais)

Chez mes hôtes de Șieu
Ce dimanche est une fête religieuse importante pour les orthodoxes. Je me réveille aux cloches de l'église en face de la maison.

Tout le monde porte ses plus beaux habits : est-ce pour cette fête religieuse ou pour le festival qui commence dans l'après-midi ?

Voici une photo que j'avais très envie et peur (que "ça ne se fasse pas", qu'elle se retourne) de prendre.


Les coussins sur les sièges vus de l'étage, après la cérémonie


Dimanche matin à Șieu. Difficile de ne pas se sentir profondément paisible.

Devant la maison. Marișka porte une jupe bleue à pois, son mari se tient derrière et sa belle-sœur est à droite sur cette photo. Avant chaque photo, toutes les femmes prennent garde de bien refaire leur fichu. C'est une tradition de le porter ; on m'a dit aussi que c'est pratique quand les cheveux sont mal coiffés, c'est enfin c'est un accessoire de mode, aux couleurs assorties aux tenues.

Ouverture du festival avec la parade dans la grande rue. D'abord, des chevaux couverts de toutes sortes de guirlandes, puis les enfants en costumes traditionnels, des danseurs, des musiciens...

Les spectacles ont lieu dans un salle, pleine à craquer.



Sœurs

Irish session dans un coin de verdure

Retour à Cluj en voiture avec Alice et Antonio, venus pour le weekend dans le Maramureș, le long de la magnifique route dans la vallée de la Sălăuța. Dernier arrêt à quelques kilomètres de Cluj, pour un festival de musique traditionnelle qui a lieu dans les ruines d'un château (à en croire les panneaux, à l'époque de sa gloire c'était le Versailles de la région). 

Je rentre à Cluj avec l'impression, pas tout à fait fausse, d'être partie beaucoup plus d'une semaine : c'est vrai aussi que je ne suis restée que deux jours chez moi entre Paris-Sofia et le Maramureș, et que cette semaine a été particulièrement remplie de lieux et de rencontres.

Dans le prochaine épisode de cette série pas toujours très régulière, je vous donnerai des nouvelles de ce qui se passe (et il s'en passe des choses) à Cluj, et des dernières aventures (et mésaventures) en Bulgarie (en train, bus, taxi, et télésiège entre Ruse, Veliko Turnovo, Sliven, Karandila et Stara Zagora). A suivre...
Transeuropa Festival
15 mai 2011
Le festival Transeuropa : qu'est-ce que c'est ?

Long time no see : non, je n'ai pas oublié ce blog, mais les dernières semaines ont été très agitées. Avant de vous raconter (bientôt) le voyage dans le Maramureș roumain, voici quelques morceaux choisis du festival Transeuropa, qui a eu lieu du 4 au 15 mai à Cluj-Napoca, Paris, Sofia, Londres, Berlin, Édimbourg, Bratislava, Lublin, Cardiff, Bologne, Amsterdam et Prague. Plus de 300 événements, des équipes de volontaires qui arrêtent de dormir pendant une semaine à travers l'Europe, des activistes qui voyagent d'une ville à l'autre, un journal du festival donnant chaque jour des nouvelles des événements dans les 12 villes du festival, des concerts, balades, expos, débats, flash-mobs... : c'est un peu tout ça (et plus), le festival Transeuropa. Sauf don d'ubicuité, on ne peut physiquement qu'avoir une version partielle du festival : je ne vous raconte donc pas le festival, mais la version que j'ai vécue, qui commence à Cluj, continue à Paris, se poursuit à Sofia puis, la boucle se bouclant, à nouveau à Cluj.

Début mai, c'était à prévoir, on a commencé à ne plus vivre que pour le festival Transeuropa, à en rêver (quand il ne s'agissait pas de cauchemars), à en parler tout le temps. Puis, quelques jours avant le début, vient le moment où le stress agit comme anesthésiant : peut-être que pour se protéger des attaques cardiaques, le corps et l'esprit simulent une forme de paix ou d'indifférence, qui n'en est pas vraiment.

Le programme du festival suscite déjà des créations artistiques. Au théâtre national hongrois (pour Caligula de Camus, en hongrois surtitré en roumain - c'est là que j'étais contente de connaître l'histoire)

Soirée affichage dans les bars de la ville, avec Diana, Anna et Daniel

Le festival Transeuropa s'ouvre à Cluj-Napoca le mercredi 4. On découvre l'installation artistique de Can Altay, qui a travaillé sur quatre espaces : Londres, Paris, Bologne et Cluj. Soirée de projection de court films, notamment liés (mais pas seulement) par la question de la transition vers le capitalisme en Europe post-communiste et du nationalisme, en présence d'une des réalisatrices, Joanne Richardson
Retour à Paris pour quelques jours, après quelques mois d'absence. Galina, ma coloc, et Denes et Csilla de Cluj m'accompagnent. L'aéroport de Cluj, comme celui de Beauvais, commence à m'être familier. Retrouvailles avec mes collègues à distance, Alexandra, Luigi et Ségolène, puis avec des amis. Le festival commence ici le lendemain : je revis l'agitation et l'excitation de la dernière journée de préparation.

La soirée d'ouverture a lieu au Comptoir Général, dans le 10e :  un endroit magique, dans lequel on entre par un long couloir tapissé en rouge, où pend un vélo du plafond ; au fond, le gardien nous attend dans une loge digne d'un théâtre ; sur la gauche, une salle de classe aux chaises, tableaux et bibliothèques authentiques, ainsi qu'un cabinet de curiosité où s'accumulent tous types d'animaux empaillés ; dans le bar, un studio photo côtoie des affiches de coupes afros des années 1980. Difficile de décrire l'ambiance -très sympathique- de l'endroit, il faut y aller. Moment d'émotion quand Rona Hartner arrive, simple et rayonnante, pour les essais avant le concert. C'est un vrai honneur pour nous d'ouvrir le festival avec elle. L'heure H arrive enfin : la salle est bondée, il n'y a pas assez de chaises. Geneviève Fraisse a remplacé au pied levé Julia Kristeva et discute du féminisme et des questions de genres. Puis Rona Hartner enflamme la salle par ses chansons. En plus de voir cet événement pour lequel j'ai travaillé se réaliser, ce concert a une importance particulière pour moi, car le dernier soir à Paris avant le départ pour Cluj-Napoca, j'étais justement à un concert de Rona Hartner, côté public et non organisation cette fois. Si je pouvais aller à un de ses concerts chaque fois que je quitte ou arrive à Paris...

Quelques images du festival parmi tous les événements :

Rona Hartner et DJ Tagada
Balade dans le quartier de la Goutte d'Or et la Chapelle avec le géographe et urbaniste Vasoodeven Vuddamalay
Exposition du making-of de "Story-Board de Vie" de Franck Boucher


Pancartes, Laura Todovan et Olivier Peyroux (Art is not dead)
L'installation de Can Altay à l'Espace Jemmapes, Maison du Festival à Paris
Kiss me for Equality ! En simultané à Paris et Amsterdam, flash-mob contre l'homophobie

Journée contre les discriminations pour la fête de l'Europe à Montreuil : lectures de textes sur les Roms et expo photo, jeu de la Cimade sur les migrants (à télécharger sur leur site), activités autour de la Bulgarie et de la Roumanie (ici, découverte du cyrillique...)


Tout d'un coup, tous ces événements dont on parlait depuis des mois avec l'équipe d'Alternatives Européennes Paris sont passés. La petite valise que m'a prêtée Alice la Couchsurfeur autralienne de Cluj, après avoir vu Saint-Maur chez Claire, Paris chez Marie-France et Chatou-sans-x chez Caro, continue son périple vers la Bulgarie.

Pas de photos à Sofia... Mais beaucoup de souvenirs ! L'événement qui m'a le plus marquée était la "carte poétique des frontières cachées de Sofia", une chasse aux trésors dans le quartier du "jenski pazar" (le marché des femmes). Des lieux étaient localisés par des numéros sur une vieille carte du quartier. Il fallait d'abord les retrouver, ce qui n'étaient pas toujours simple car les rues ont parfois changé de noms, et parfois même de formes au gré des constructions et destructions. Puis, pour chaque lieu correspondait un petit poème écrit pour l'occasion par un poète contemporain bulgare, auquel manquait un mot, que nous devions retrouver en nous aidant d'indices dans le poème et dans l'espace où nous nous trouvions. Le nombre de mots trouvés déterminait le gagnant, mais on pouvait compenser nos lacunes par des photos intéressantes ou des anecdotes racontées par des gens du quartier. Une très belle idée !

C'était la première fois que je revenais à Sofia depuis le mois de septembre, pour le Balkan Youth Festival, c'est-à-dire en fait depuis mon départ de Bulgarie pour la France. Belle surprise dans le bus très matinal de la porte Maillot pour l'aéroport de Beauvais : Valya, une amie bulgare que je n'avais pas revu depuis longtemps, était dans ce même bus. Double coïncidence, car j'avais aussi par hasard pris le même avion Sofia-Paris que Valya en août dernier ! Arrivée à Sofia, mon premier réflexe fut de retourner "chez Toni" : rien n'avait changé, du menu au décor en passant par les habitués, toujours au rendez-vous, surpris de me revoir là. De l'autre côté de la rue Rakovski, même surprise au bureau du BYF. Une ombre cependant dans la joie de ces retrouvailles : tout le monde m'en a parlé en Bulgarie, si on pensait que la crise était là l'année dernière, on n'avait rien vu. Difficile de joindre les deux bouts... 

Mais les choses continuent de tourner. Je ne connais plus les volontaires SVE à Sofia, mais ceux que je rencontre notamment à la Maison Rouge sont très sympas. Ani (de Londres) est aussi de retour, Delyan, Darina, Sacho sont là bien sûr, Miglen vient de Pernik, je croise par hasard le trio Vicky, Itso et Asparuh... sans oublier Ivo, Dena et leurs parents, qui m'accueillent avec beaucoup de générosité. Cette fois je n'ai pas croisé Zlati, il aurait  peut-être fallu rester un peu plus longtemps.

Le festival touche à sa fin : après une semaine d'absence et une vingtaine d'heures de train de Sofia, me voici de retour à Cluj-Napoca en Roumanie. Une rencontre étonnante entre Rusé et Bucarest : un contrôleur turc (rien d'étonnant jusqu'ici pour un train qui fait Istanbul-Bucarest), qui parle toutes les langues des pays qu'il traverse en train ! Il parle un bulgare presque parfait, assez en tout cas pour que je ne distingue pas qu'il n'était pas Bulgare. Je l'entends parler aussi roumain, qu'il maîtrise bien, comme encore le serbe. Les trains, c'est un peu un concentré de vie, pour utiliser une "formule" : on y trouve vraiment tous types de gens et d'histoires.

A Cluj-Napoca, des amis du réseau Transeuropa sont arrivés, comme Jonmar d'Amsterdam ou Tilman de Londres.


Jonmar a amené son bureau portatif. Participez à son projet sur l'identité européenne sur son site !
Le festival investit la place Muzeului pour un après-midi d'échanges d'objets et de talents, d'expression et de création, de jeu avec l'espace public.
Cours de violon avec Alice, puis jam session sur la place
"Space, Motion, Emotion" : atelier sur l'espace et les émotions, puis création commune de la cité idéale avec UMakArt, de République Tchèque
Enfin, comme le festival Transeuropa a commencé à Cluj le 4 mai, il s'y termine aussi, le 15. La dernière journée est consacrée au forum final sur les Roms : l'occasion de revoir Alayna (et son collègue de Hors la rue Damien Nantes) pour quelques heures. Enfin, soirée de clôture électro-balkanique à la Casa Tranzit, pour finir en beauté ces dix jours intenses !
He is back !
01 mai 2011
Après les "Tortellini al ragu", voici venues les "Paști"... Pâques ! Un (très) grand jour pour beaucoup de Roumains, en grande majorité orthodoxes. Ici, pas d'oeufs en chocolat, de cloches qui viennent de Rome, ni de chasse au trésor dans le jardin, pas non plus de "bataille" d'oeufs comme en Bulgarie, mais comme chez leurs voisins, de vrais oeufs sont peints ou décorés de dentelles, et le plat traditionnel est aussi le "cozonak", la brioche de Pâques.

Déjà dans l'après-midi, une foule est rassemblée entre le théâtre national et la grande église. Je ne saurais pas dire si la scène tient du théâtre ou de la religion... !
 
"He is BACK !" - Séance photo

J'ai presque envie d'écrire, "ils sont fous ces Ro(u)mains"...

Il y a déjà un an, en Bulgarie, Fender, Anaïs et moi passions "Pâques aux bougies", à cause de l'incendie dans notre immeuble. La foule réunie à Cluj pour la messe de minuit valait bien celle de la cathédrale Alexandre Nevski à Sofia (voir des images sur l'article de Balkans-Transit).

Je viens voir par curiosité comment se passe cette cérémonie en Roumanie, armée de mon appareil photo, prête à tout. La cathédrale est bondée. En entrant, une femme me donne un bout de carton, troué au milieu. Pendant quelques minutes, je m'imagine que ça correspond sans doute à un rite des Orthodoxes dont je n'avais encore jamais entendu parler. Mes élucubrations prennent vite fin, quand je réalise que, très prosaïquement, ça sert en fait à protéger des gouttes de cire coulant des cierges que chacun porte.

Dans la Cathédrale Orthodoxe "Dormition de la très Sainte Mère de Dieu" - je découvre son nom aujourd'hui...



Dans un coin. Quels dilemmes dans ces lieux religieux : prendre la photo, ne pas la prendre ?


Après la cérémonie, des files de gens -que je suis- entrent dans un côté de la cathédrale avec une tasse qu'ils ont amenée, et des volontaires leur servent ce qui me semble être des croutons de pain chauffés dans de l'huile. C'est bien mystérieux pour moi...


Il est plus d'1h et la place ne désemplit pas. Je n'ai encore jamais eu le courage de voir une messe orthodoxe en entier. Tant pis pour cette année, je ne verrai pas les gens tourner trois fois autour de l'église, leurs bougies à la main : la séance d'ethnologie a assez duré pour un samedi soir !
Tortellini al ragu
24 avr. 2011
Dernière rencontre du réseau Transeuropa avant le fameux festival ! Après Londres, nous nous retrouvons cette fois en Italie, à Bologne, où je vais pour la première fois. 



La ville a énormément de charme, plusieurs d'entre nous en tombons amoureux. L'ambiance d'un lieu est bien plus qu'un sentiment subjectif. Les couleurs, la lumière et les bruits font de Bologne un endroit apaisant. Un tel calme en plein centre est surprenant, il suffit parfois de s'éloigner d'une rue ou deux de grandes places ou rues très passantes pour retrouver un silence presque complet. Je marcherais presque sur la pointe des pieds pour que le "clac clac" de mes bottines ne le trouble pas.



Quelques photos, et une adresse : la librairie Modo Infoshop, à ne pas rater (surtout si vous lisez l'italien).

Presque chaque rue à des arcades.

Moi, Diana, Daniel et Anca




"Autoportrait aux pâtes, fromages et charcuteries" :)

Sur la Piazza Maggiore

Le futur maire de Bologne ?

Même la ville du "processus de Bologne" est touchée par les mouvements de contestation des réformes de l'université (voir ici et ici)



Notre avion pour Cluj a du retard - derniers instants de farniente devant l'aéroport
Aici e românia!
18 avr. 2011
Comme promis dans le dernier post, voici des nouvelles de Cluj-Napoca. Le suspense fut long : un mois ici, et toujours pas de photos...  J'avais pris quelques notes de ce que je voulais écrire sur Cluj, mais quand on arrive quelque part, les impressions changent si vite que déjà ce que j'ai noté des premières semaines ici me semblent déjà presque lointain.

Cluj-Napoca

J'ai un peu tendance à comparer cette expérience, ce voyage, à l'année passée à Sofia. Mais même si je suis à nouveau en Europe de l'Est, cette comparaison n'est pas nécessairement très logique, car non seulement ce n'est pas la même région (attention à ne pas dire de la Transylvanie qu'elle a quoi que ce soit à voir avec les Balkans), mais je ne suis pas non plus ici dans le même cadre ni pour la même durée. Enfin, je ne peux m'empêcher de faire des parallèles, alors tant pis. Vivre en Roumanie représente une nouvelle aventure, mais moins dépaysante que la Bulgarie. Plus que pour des raisons objectives, la différence tient surtout au fait que je suis arrivée à Sofia sans jamais avoir été plus à l'Est que Budapest (sauf le Caire et la Syrie), que je ne connaissais rien des langues slaves (ni du cyrillique, sans lequel on est perdu à peu près partout en Bulgarie sauf peut-être sur l'autoroute), et encore moins de la culture des Balkans. Je suis donc arrivée ici en ayant déjà une idée de ce qui m'attendait, d'autant plus que j'avais voyagé dans le pays et passé quelques jours à Cluj-Napoca, comme je l'écrivais dans l'un des premiers posts. 





Partition de gouttes d'eau

Au tout début, pendant quelques semaines, j'ai vécu dans un entre-deux, dans un environnement pas tout à fait inconnu mais où je n'étais pas encore non plus installée. Diana, une collègue d'Alternatives Européennes, m'a hébergé quelques temps avant que je trouve un appart, où j'ai ensuite mis du temps à m'installer à cause des différents voyages. Cet appart me semblait presque trop beau pour être vrai :  jamais ma chambre n'a été si grande. Finies les 50 minutes de métro chaque matin : je suis à quinze minutes du bureau, dix de la place centrale, cinq d'un grand marché et d'un parc, deux de la rivière. Les premiers temps, j'ai cherché à imprimer dans ma mémoire tous ces lieux, me projetant dans l'avenir, quand cette rue serait "ma" rue, les alentours des lieux connus presque instinctivement, ces voisins des amis. C'est toujours un jeu intéressant, car on ne se rend jamais compte de la vitesse à laquelle ces changements ont lieu. J'ai envie de profiter et d'avoir conscience du début, quand tout est à découvrir, surtout que je ne resterai peut-être ici que quelques mois, donc la "fin" risque de suivre le "début" presque sans transition par le milieu (est-ce que ça a du sens ?).

Une des premières choses qui m'ont frappé à Cluj-Napoca, l'été dernier comme pour ma "deuxième" (en fait troisième) arrivée en mars, ce sont toutes les couleurs et l'architecture, notamment des toits (mais aussi les jupes et les foulards des femmes notamment roms).











Non seulement l'appart où je vis est super, mais ma coloc Galina est une perle ! On s'entend très bien. Elle vient de Chișinău, la capitale moldave (prononcer [ki-ch-i-n-eu-ou] ; de la république de Moldavie, pas de la région roumaine du même nom, de l'autre côté de la frontière), mais vit à Cluj depuis des années et s'efforce de m'apprendre le roumain de Cluj et non de Moldavie ;) Sa sœur vit dans l'appartement d'à-côté avec son mari, et de l'autre côté sont deux étudiantes roumaines. L'ambiance est très sympa et on se voit régulièrement pour discuter, manger ensemble ou partager le café ou la palinka.

Un autre point commun avec la Bulgarie est que je suis arrivée dans un pays dont je ne parle pas la langue. Le roumain n'a rien à voir avec le bulgare (si ce n'est quelques mots d'origine slave par ci par là), mais est proche de l'italien et apparemment du latin, donc pas trop éloigné du français non plus. Je me souviens avoir vu un court-métrage roumain l'année dernière : pendant les dix premières minutes du film, j'étais persuadée que les personnages parlaient italien, et non roumain (au point de ne comprendre le film que presque après coup). A nouveau, je repasse par les étapes d'apprentissage. C'est intéressant d'observer qu'on passe plus ou moins dans le même ordre par les mêmes besoins de communication : quelques adjectifs et formules très simples conviennent très bien au début, puis il faut des pronoms, des verbes, des notions d'espace et de temps, etc. Bien sûr, c'est frustrant de ne pas pouvoir dire ce qu'on veut. Je suis impatiente. 

Il y a une semaine, j'ai commencé à me rendre compte de quelque chose qui m'a terrifié : j'avais oublié le verbe "avoir" en bulgare. J'avais beau cherché, m'imaginer en situation, les mots se bousculaient soit en roumain soit en allemand (mais pas en français ou anglais). C'est la première fois que quelque chose comme ça m'arrive. Impossible de retrouver le mot bulgare, alors que je pouvais quand même parler. Le weekend dernier, la même chose avec le verbe "être". Parler bulgare (avec des Bulgares) me demandait une grande concentration, et même malgré ça je ponctuais ce que je disais de mots roumains. La même chose se passe parfois (mais plus rarement) en roumain. En réfléchissant, j'arrive à savoir quel mot appartient à quelle langue, mais pour les petits mots simples, qu'on dit inconsciemment, rien à faire : j'ai passé le weekend à Bologne à répondre "da" aux Italiens (heureusement c'est le même mot en bulgare et en roumain, mais pour non, "ne" en bulgare et "nu" en roumain, j'ai aussi commencé à confondre). 

J'espère que ce n'est qu'une question de temps pour que, comme les tous jeunes enfants, j'arrive à ranger tous ces mots (sans perdre une des langues au passage ou en former une nouvelle hybride !). A Bologne (voir un prochain post), j'ai rencontré dans une librairie une Italienne qui lisait dans un français parfait un livre de sorcière à son fils. Le petit garçon, Pietro (roulez le rrr), comprend parfaitement le français mais ne parle qu'en italien. Le français, c'est seulement quand il va à Paris (sa mère me traduisait ce qu'il disait). Il traduisait simultanément mes questions ou ce que sa mère lui demandait : "- Dis merci à ton père pour le livre. - Grazie."

Et voici pour finir quelques photos de Cluj, pour vous qui ne viendrez pas, et comme avant-goût pour vous qui viendrez :

Stradă Iuliu Maniu

Piața Unirii
 Piața Muzeului

Bulevardul 21 Decembrie

"Ici c'est la Roumanie !"

 

Pour Klervi !

Journée internationale des Roms
08 avr. 2011
Le 8 avril est la journée internationale des Roms (au passage, Roms et Roumains ne sont pas synonymes : il y aussi bien des Roms non Roumains que des Roumains non Roms). Le droit des Roms est une question sur laquelle  l'organisation Alternatives Européennes est très active, en particulier cette année, notamment depuis les expulsions de l'été dernier en France. De nombreux événements porteront sur cette question pendant le Festival Transeuropa, du 6 au 15 mai, à Cluj-Napoca, Paris, Sofia, Bologne... A Paris, la soirée à ne pas manquer est celle du 6 mai, où on a le grand honneur d'organiser un concert de Rona Hartner ! Je ne sais pas si c'est une "déformation professionnelle" de parler tout le temps d'Alternatives Européennes, ou si je m'identifie tellement à ce qu'on fait que ça semble normal d'en parler sur ce blog aussi... 

A Cluj-Napoca, voici quelques images des événements organisés pour le 8 avril.

Lancer de fleurs sur la Someșul Mic

Drapeaux roumain, rom et européen

"Djelem djelem", l'hymne rom




De Stara Zagora à Londres
07 avr. 2011
Voilà presque quatre semaines que je suis arrivée à Cluj-Napoca. Quatre... ou deux ?

Quelques jours après l'arrivée, je suis partie une semaine en Bulgarie, à Stara Zagora, pour une consultation citoyenne organisée par Alternatives Européennes (et FLARE) sur la liberté de la presse, dans le cadre du projet "Power People Participation". Le voyage fut long : une nuit en train jusqu'à Bucarest, puis un jour jusqu'à Stara Zagora. Je repassais alors pour la deuxième fois l'unique pont sur le Danube reliant la Bulgarie et la Roumanie : la première fois, c'était l'été dernier, en stop avec Paddy et un voyageur australien, avant d'arriver sans lei en banlieue de Bucarest, faisant un festin des pastèques nous restant du voyage, sous une chaleur écrasante. Souvenirs du weekend à Ruse avec Kevin et Laurent (et Tuk). Quel plaisir d'entendre à nouveau du bulgare! Dans ces vieux trains à compartiments, je ne manque pas de rencontrer deux vieilles Bulgares, qui semblent avoir pitié de ce long voyage que je fais et cherchent à me faire passer le temps en me parlant de tout et n'importe quoi. A la gare de Stara Zagora (que je connais bien : voir ici et ), en attendant les Bulgares qui nous aident à organiser la consultation, je sympathise avec une petite fille rom, qui attend. Quoi, qui ? Personne. Juste un train, pour dormir quelque part. Elle a moins de dix ans, souffre d'un handicap au palais, et vit comme ça depuis des années, ayant perdu ses parents étant petite. Presque chaque soir, elle change de ville, mendie pour manger, erre seule. Elle voudrait partir avec moi. Puis Rosen, Evgeny et Angel arrivent, et on se quitte.


Je retrouve Alessandro d'Alternatives Européennes, responsable de l'ensemble du projet "PPP", qui passe l'année entre l'Italie, l'Espagne, la France, le Royaume-Uni, la Roumanie et la Bulgarie. On passe le weekend accueillis avec énormément de chaleur par l'équipe bulgare. La consultation citoyenne se passe bien (les résultats ici, en anglais). Mais déjà il faut préparer la suivante, qui aura lieu à Sliven sur les Roms. L'occasion de revoir Angel, le charismatique chef d'orchestre de Karandila Jr, et de rencontrer d'autres personnes de Sliven engagées pour le droit des Roms. Pour ce voyage express en Bulgarie, pas le temps de retourner à Sofia, où il y a beaucoup de gens que j'aimerais revoir. Mais Delyan, Darina, Sacho, Dimitri et Rebekka (que j'ai revue il y a seulement quelques semaines chez elle à Freiburg) viennent à Stara Zagora : la journée passe à toute vitesse, à rire presque tout le temps ! Retour avec le train Istanbul-Bucarest, puis le train de nuit Bucarest-Cluj, avec une prof de français très sympa d'Oradea.


Depuis l'arrivée en Roumanie, j'ai passé une autre semaine à Londres. Ça aurait du être un weekend de rencontre du réseau Transeuropa, comme celle qui avait eu lieu à Cluj-Napoca fin février, mais les choses se sont passées autrement. Je crois avoir atteint un record personnel de galères. Après un weekend très intense (le festival approche, on travaille aussi beaucoup sur l'amélioration du fonctionnement de l'organisation et du réseau Transeuropa, et on profite des retrouvailles, notamment avec les collègues de Paris), soirée swing dans un bar de Brick Lane. C'est là que je me fais voler mon sac (quelle mauvaise expression, "se faire voler quelque chose", comme si c'était quelque chose qu'on se faisait à nous-mêmes) quelques heures avant de devoir retrouver les Roumains pour prendre un avion très tôt à Luton. Sachant qu'il y avait notamment dans le sac ma carte d'identité et ma carte bancaire. Soirée commissariat, puis journée consulat - je n'aurais pas pensé retrouver Cromwell Road (où j'ai passé deux ans) dans ces conditions. Ces administrations ont quelque chose d'extrêmement oppressant et il y pèse une insécurité stressante (qui rappelle Le Procès de Kafka) : est-ce qu'on est bien assis au bon endroit ? Est-ce qu'on a tous les documents nécessaires ? Est-ce qu'on n'a pas tout simplement été oublié sur ce banc par ces gens qui apparaissent tout d'un coup d'un bureau, puis disparaissent à nouveau pour quelques heures ? Ajoutez à ça le fait que je suis Française mais veux rentrer en Roumanie, que mon passeport n'est pas perdu, mais est à Cluj-Napoca, et que je n'ai pas d'argent, ça donne quelques longues heures passées dans le couloir du consulat. Je finis quand même par sortir avec le document clef de ma libération, retrouve une amie bulgare, Ani, qui me prête de l'argent, puis passe la nuit chez deux collègues, Niccolo et Lorenzo.

Visite de la British Library -rencontre par hasard de Bulgares du réseau Transeuropa- où se tenait une expo géniale sur l'évolution de la langue anglaise. Pause agréables dans ces journées de galères.

J'ai un vol tôt le lendemain matin. Mais ce serait trop simple de s'arrêter là. Car le lendemain, le train que je voulais prendre de King's Cross pour Luton ne vient pas. Le suivant, lui, a vingt minutes de retard. Un Roumain sur le quai est dans la même situation que moi. On va voir combien coûtent les taxis, mais c'est hors de prix. Il ne reste qu'à attendre, et courir. On se précipite sur le bureau de Wizzair : il a encore le temps d'avoir le vol pour Timișоara, mais pour Cluj, c'est trop tard. Il me reste quelques livres pour retourner en bus à la gare de Luton, et de là attendre que mes collègues d'Alternatives Européennes achètent un billet de train en ligne, que je pourrais retirer. La transaction met presque deux heures à arriver à la station, puis on me demande la carte bleue avec laquelle le ticket a été acheté. Mais si j'avais eu une carte bleue justement, je n'aurais pas été là. Cerise sur le gâteau, c'est à ce moment que mon crédit de téléphone s'épuise. En expliquant la situation, je reçois quand même finalement le ticket pour Londres, retourne au bureau où on me prend un troisième billet d'avion pour Cluj pour le lendemain, contacte mon père et ma sœur, qui recharge mon téléphone, retrouve Ani qui me prête à nouveau de l'argent, puis dors enfin.


Le lendemain, même si l'hôtesse observe longuement mon laissez-passer, je monte finalement dans l'avion pour Cluj. A l'arrivée, au contrôle de la police des frontières, on fronce les sourcils et m'explique bien que ce document me permet seulement d'entrer en Roumanie, mais pas d'en sortir, donc que j'ai intérêt à être bien sûr que mon passeport est là. Heuseusement, il est bien chez moi. 

Weekend très fort en émotions donc, même si les derniers jours ne ternissent pas les premiers. Comme disait Ani, c'est que Londres ne voulait pas me laisser partir. J'espère que c'est ça plutôt que moi qui au fond ne voulais pas rentrer, parce qu'au prix de ces galères, je m'inquièterai pour ma santé psychique si c'était le cas.

Encore un article où je n'ai toujours pas parlé de Cluj-Napoca... Promis, ce sera pour le prochain !
Cluj avant Cluj
17 mars 2011
Cluj ne m'était pas tout à fait inconnue quand j'y suis arrivée à la mi-mars. Je l'avais déjà vu en plein été, les enfants jouant dans les fontaines de la place Unirii, puis en plein hiver, la neige ayant tout envahi. A en croire mon expérience en Bulgarie, en arrivant le 15 mars, j'avais une chance sur deux d'avoir soit l'hiver, soit l'été. Les martenitsa / mărțișoare ont sûrement aidé, Baba Marta a été clémente. 


En juillet, j'étais arrivée à Cluj après un long voyage en bateau puis en train depuis Sfantu Gheorghe, dans le delta du Danube. J'avais eu l'impression de me réveiller -très tôt si je me souviens bien- dans un autre pays. C'est vrai qu'entre la Bulgarie et le sud de la Roumanie, à part la langue, pas grand chose ne change vraiment. Mais Cluj se trouve de l'autre côté des Carpates : de l'empire ottoman, on passe à l'empire austro-hongrois. Je me souviens avoir laissé mon sac à dos à la consigne de la gare (il y en a presque partout, et en France presque nulle part : la Roumanie est voyageurs-friendly) et avoir marché le long de la longue rue Horea, qui mène au centre-ville, les yeux levés sur ces bâtiments que j'avais tous envie de photographier.

Piața Unirii

Boîtes aux lettres cadenassées intrigantes

 J'avais été très impressionnée par le très beau jardin botanique, où notamment j'avais retrouvé sous verre un coquillage (ou un fruit séché ?) étrange qu'on m'avait donné à Sfantu Gheorghe et qui apparemment ne "vit" (ça vit un coquillage ?) que là-bas.


La messe : en hongrois, roumain, allemand et français

Arpad, le Couchsurfer qui m'avait accueillie, et Reka, une autre Couchsurfer rencontrée à Cluj, m'avaient permis de mieux comprendre Cluj et son multiculturalisme. Etant eux-mêmes "Hongrois de Roumanie", leur relation à la Roumanie et à la Hongrie était très intéressante. J'avais été frappée que, contrairement à ce qu'on attend des minorités frontalières (comme les Turcs de Bulgarie), les Hongrois de Roumanie ne semblent pas considérer la Hongrie comme "mère patrie". Deux premières rencontres de Cluj très sympas.

Puis le voyage s'était poursuivi à Timișoara (pour quelques jours très marquants au festival IRAF, où j'ai rencontré des gens extraordinaires, comme Andreea et Victor ou Tjaž), puis vers la Slovénie... Mais si je commence je ne parlerai jamais de Cluj !

Retour en Cluj en février, trente degrés de moins. De l'avion, tout était blanc (sauf la piste d'atterrissage). Ce weekend était consacré à la 5e rencontre du réseau Transeuropa. On n'a pas eu le temps de voir grand chose, ces weekends sont toujours très intenses. C'était quand même moins frustrant qu'à Rome (où je ne suis justement allée qu'une fois pour une de ces rencontres, sans rien voir du tout), car j'avais déjà mes repères. Et en parlant de repères... En marchant de l'endroit où on était allé manger vers le lieu où on était réuni (et où on a passé tout le weekend), j'ai aperçu une silhouette très familière - mais pas du tout familière de Cluj : Jose, mon colocataire espagnol de Sofia ! On ne s'était pas écrit qu'on allait à Cluj, je n'avais aucune idée d'où il était en Europe, et lui non plus pour moi. En ajoutant à ça le fait qu'il passait un jour par Cluj entre Berlin et Sofia (d'où il partait la semaine suivante pour rentrer en Espagne), le fait que je n'y étais aussi que deux jours, et qu'on aurait très bien pu ne jamais se croiser et ne jamais l'avoir su, ça donne envie de penser que l'Europe n'est pas si grande tout compte fait.

Sam et Jose
Après le retour de Cluj début mars, le départ est devenu quelque chose de plus tangible : il fallait commencer à se demander où je vivrai, à dire au revoir, à organiser le déménagement...
On the road... again
16 mars 2011
Balkans-Transit, la suite ! Le voyage commence à Cluj-Napoca. Ici, c'est la Transylvanie, les Balkans sont bien au Sud, rien à voir, me dit-on. D'où la nécessité d'un nouveau blog. Au moins, "Sur la route", ça n'engage pas trop géographiquement comme titre : qui sait, ce blog pourrait peut-être même survivre à ce séjour roumain ?

Je reprends avec plaisir les vieilles habitudes du blog que j'ai tenu l'année dernière en Bulgarie, jusqu'en juillet dernier, donc voici pour commencer une carte :


On ne me croyait pas toujours en France, mais si : Cluj-Napoca est une des plus grandes villes de Roumanie. Et en tout cas clairement une des villes qui bougent le plus. Presque un demi million d'habitants, beaucoup d'étudiants, des facs en roumain, hongrois et allemand (la ville s'appelle Cluj-Napoca, Kolozsvár ou Klausenburg selon la langue), une vie culturelle qui n'arrête jamais, pleins de petits cafés et bars alternatifs...

C'est toujours un peu la pression, le premier post du blog. Par quoi commencer ? Comme toujours se pose la question des lecteurs. Sans doute que la plupart d'entre vous savez déjà tout ça parce que vous ne tombez pas sur cette page par hasard et qu'on se connaît. Mais quand même, voici quelques lignes sur comment je suis arrivée ici à Cluj.

Jusqu'en juillet 2009, l'Europe de l'Est était pour moi un grand point d'interrogation, un bloc loin là-bas où l'on parlait des langues étranges, où l'on mangeait de bons yahourts et où le communisme avait marqué le dernier demi-siècle. J'ai ensuite passé un an en Bulgarie, à Sofia et à Sandanski, comme volontaire européenne pour le Balkan Youth Festival, année en grande partie "responsable" de mon retour en Europe de l'Est. Le blog Balkans-Transit s'arrête à mon départ de Bulgarie pour un voyage d'un mois en Roumanie, Slovénie, Croatie, Monténégro, Bosnie et Serbie, après lequel je suis rentrée en France deux semaines, repartie en Bulgarie pour le 15e Balkan Youth Festival, puis à nouveau rentrée (cette fois "définitivement") en France, le jour (dure journée) de ma rentrée pour le dernier semestre d'études.

Cluj-Napoca, juillet 2010

Cluj-Napoca, juillet 2010

Ce semestre à Paris, je me suis peu à peu investie dans les activités d'Alternatives Européennes, une organisation transnationale de citoyens réunis par l'idée que beaucoup de questions débattues uniquement dans l'espace public national (si elles sont même débattues ; en fait les questions souvent les plus "politiques", touchant aux migrations, à la protection sociale, aux droits des minorités, etc.) doivent être portées au niveau européen. L'idée n'est pas que l'Europe doive désormais remplacer les États nations, car d'une part, ce n'est pas l'ambition de l'UE de devenir un supra État nation ; et d'autre part, l'idée n'est pas de miner les mouvements sociaux aux niveaux nationaux en substituant le rapport de force existant dans l'État (héritage d'une histoire spécifique) à un rapport de force au niveau européen bien moins favorable à ces mouvements à cause de la non existence / non visibilité d'un espace public européen. Au contraire, l'idée est de participer à renforcer ces luttes en les liant au niveau européen. Si cela paraît peut-être abstrait, un exemple concret est celui des luttes dans le monde universitaire (et pas seulement) contre les réforme de l'université vers la privatisation de l'éducation, qui ont vu se soulever les Français, les Grecs, les Italiens, les Britanniques... Les rassemblements européens organisés notamment par Edufactory pour la défense de l'éducation publique sont un exemple positif de mise en commun d'expériences et de savoirs soutenus par Alternatives Européennes.

Les moyens d'action que nous utilisons sont entre autres la publication d'un magazine (imprimé et sur Internet) en plusieurs langues, l'organisation de campagnes (notamment sur la liberté de la presse), de débats, de flash-mobs, d'événements artistiques (performances, expositions...). Le temps fort de l'année est le festival Transeuropa (cette année du 6 au 15 mai), qui a lieu simultanément dans 12 villes d'Europe -dont Paris et Cluj-Napoca. Le festival est plutôt un moment dans le travail de l'organisation qu'un aboutissement. Les événements, artistiques et politiques, des traditionnelles expositions et débats aux expériences de marché social de troc à Cluj, chasse au trésor à Brixton, lectures de poésie à Bologne ou promenade urbaine à la Goutte d'Or à Paris, se répondent d'une ville à l'autre, pour qu'il y ait bien un festival et non douze. Bref, je pourrais continuer à en parler (écrire) longtemps, mais ça viendra plus tard très sûrement !

En janvier, après avoir fini les derniers examens, j'ai commencé à Paris un stage au bureau d'Alternatives Européennes (il y en a quatre, à Londres, Rome, Paris et Cluj-Napoca), qui se poursuit depuis le 15 mars à Cluj. Me voilà donc ici !